La rencontre doucement cocasse de deux déprimés

Antoine (Gustave Kervern), musicien de quarante ans en pleine déprime, quitte brusquement le concert dans lequel il devait jouer. Quelques jours après, il pointe au chômage et prend le premier emploi qu’on lui propose : gardien d’immeuble.

Pour son entretien d’embauche, il est reçu par Mathilde (Catherine Deneuve) et son mari, Serge (Féodor Atkine). Mathilde, jeune retraitée, s’étourdit dans des associations caritatives et Serge milite dans des syndicats. Pendant l’entretien avec Antoine, Mathilde passe son temps à téléphoner et ne prête aucune attention aux questions que son mari pose au futur gardien. Les dialogues de cette partie sont sans doute les plus savoureux du film. Deneuve y est parfaite. Pour une fois, elle ne joue pas le rôle d'une grande bourgeoise désabusée mais d'une femme ordinaire, pas très bien fagotée, que l'on croiserait dans la rue sans la remarquer.

Une fois embauché, Antoine fait plus ou moins bien son travail, mais comme il ne dort pas, il confond la nuit et le jour et récure aussi bien l’immeuble en pleine nuit, sortant les poubelles à contretemps, acceptant un SDF et son chien dans les parties communes, etc. Mais il a beau essayer de faire bonne figure, on comprend vite qu’il ne va pas bien et ce n'est pas la rencontre avec Stéphane (Pio Marmai), voleur compulsif de vélos mais aussi petit dealer, qui va arranger les choses. Car Antoine, non seulement ne dort pas, mais il boit des bières par packs entiers et se drogue. Pendant qu'il "récupère", il marque sur sa porte "Le gardien est malade" ou "Le gardien ne va pas (très) bien"... Lorsqu'il se décide à sortir, il se rend au parc et s'affale sur un banc en regardant les enfants jouer au foot.

Quant à Mathilde, elle aussi insomniaque, elle focalise son attention sur une fissure qui traverse un mur de son appartement. Cela en devient même une obsession morbide. Elle trouve du réconfort « dans la cour » auprès d’Antoine. Mais leurs deux déprimes associées ne représentent pas une solution et, du moins pour Antoine, cette dégringolade ne s’arrêtera qu'il succombera à une overdose. Même si film se termine mal, du moins pour Antoine car Mathilde a l’air de s’en sortir, c’est avant tout une comédie et on rit assez souvent aux situations cocasses, aux personnages excentriques qui habitent ce vieil immeuble parisien, mais surtout aux excellents dialogues que l’on dirait écrits pour Catherine Deneuve en personne.

- Mathilde : "Je le trouve très bien. Il est gentil, poli et il a pas l'air sûr de lui."
- Serge : "Formidable !"
- Mathilde : "Mais oui, formidable. Moi j'aime les gens pas sûrs d'eux, au moins ils s'appliquent"

Je n'avais pas particulièrement envie de voir ce film. J'y suis allé après avoir entendu parler Salvadori de sa rencontre avec Deneuve, de sa simplicité et de la complicité qui les a réunis sur le tournage. Après l'avoir vu, je ne peux pas dire que je sois enthousiaste. J'ai ri, bien sûr, aux situations cocasses dont est truffé le film, ainsi qu'aux dialogues savoureux, mais le film ne m'a procuré aucune émotion et je n'en garderai pas un souvenir marqué. ¨
Roland Comte

Écrit par

Critique lue 296 fois

3

D'autres avis sur Dans la cour

Dans la cour
Grard-Rocher
8

Critique de Dans la cour par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Rien ne va plus pour Antoine. La quarantaine est difficile et pour lui qui est musicien de son état c'est un paradoxe d'attraper un bon coup de blues. Il décide changer brusquement d'emploi pour se...

27 j'aime

18

Dans la cour
oso
6

Junkie d'escalier

Bon, soyons clair, j’suis embêté. Embêté parce que Dans la cour ne manque pas d’intérêt et que j’ai envie d’en apprécier le pavé que décime, jusqu’à épuisement de toute bonne humeur, le déprimant...

Par

le 22 janv. 2015

13 j'aime

1

Dans la cour
eloch
7

Les névroses

Le film commence par un départ. C'est un homme qui quitte un monde pour entrer dans un autre. Il ne ressent plus rien, il n'y a aucune moquerie dans son choix de devenir gardien d'immeuble sans même...

le 7 mai 2014

12 j'aime

11

Du même critique

Sibyl
Roland_Comte
4

Brouillon et nombriliste

Sibyl (Virginie Efira), psychothérapeute, décide d’arrêter l’exercice de sa profession pour revenir à sa première passion : l'écriture. Néanmoins, alors qu’elle a annoncé à ses patients qu’elle...

le 26 mai 2019

11 j'aime

6

Les Enfants de Timpelbach
Roland_Comte
8

La république des enfants

Les critiques des revues ou des sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir...

le 11 nov. 2023

9 j'aime

Et au milieu coule une rivière
Roland_Comte
9

Ne croyez pas qu'un film sur la pêche à la mouche soit forcément ennuyeux;

L'action se déroule dans le Montana, au début du XXème siècle. Le film est fidèle au livre, en grande partie autobiographique, de Norman Maclean : nés dans une famille presbytérienne du Montana, deux...

le 19 déc. 2014

8 j'aime