Pour son 3ème long métrage, Gilles marchand l’a scénarisé avec Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien). Cette association donne un film atmosphérique oscillant entre le fait divers tragique et le thriller psychologique fantastique.
Jérémie Elkaim joue, tout en ambiguïté, un père divorcé décidant de faire un séjour dans une forêt suédoise avec ses enfants. Le spectateur découvre la singularité de Tom, le cadet, au fur et à mesure du film. Elle va avoir une importance capitale dans l’intrigue et sa compréhension. En effet, on voit ce qui se passe essentiellement à travers son regard. Timothé Vom Dorp arrive à bien retranscrire à l'écran la peur et la sensibilité de son personnage.
Il est étonnant de trouver des similitudes avec Shining autant dans l’exposition et l'évolution des personnages que dans la façon de filmer le lieu où se déroule cette escapade familiale ( ex : la plongée aérienne pour découvrir où va la voiture). Moll et Marchand font une description quasi clinique de la psychologie des personnages notamment dans la scène d’introduction.
Tout est fait pour provoquer le malaise chez le public, autant par le son, la musique ou les scènes, pour qu’il ressente les mêmes sensations/effets que les enfants devant l’attitude, de plus en plus, inquiétante du père. La présence de longueurs dans certaines scènes permet de renforcer la solitude des personnages dans cette forêt où tout peut se passer. L’apparition de nouveaux personnages met en évidence le danger imminent dans lequel se retrouvent les enfants.
A travers ce film, le réalisateur met en scène, de manière fictionnelle (à peine), la violence psychologique subie par les enfants dans le cadre familial. Je trouve courageux de mettre ce tabou en images pour faire prendre conscience de ce fléau relativement silencieux.
Les mélanges des genres cinématographiques (thriller/fantastique) donnent au film une aura mystérieuse et angoissante. Je tiens à signaler que la présence du fantastique n’a pas la même importance et finalité que celle du Sanctuaire où l’histoire se déroule dans une forêt irlandaise. Gilles Marchand m’a convaincu même s’il m’a malmené comme le père le fait avec ses enfants jusqu’au générique de fin.
Dans la forêt est étonnant à condition de ne pas être un spectateur passif devant ce qui est montré.
Note : 6.5/10