Deuxième film américain de Wolfgang Petersen. Ce cinéaste allemand a démarré sa carrière avec Le Bateau et L'Histoire sans fin avant de devenir un fournisseur en divertissements forts en gueule et plutôt kitsch, dont Air Force One et Troie. In the Line of Fire suit un garde du corps du président des Etats-Unis dans sa dernière mission. À ce poste depuis une trentaine d'années, le dinosaure commence à agacer la jeune garde.
Interprété par Clint Eastwood, ce personnage s'inspire de Clinton J.Hill, qui laissa effectivement passer la balle explosant la cervelle de Kennedy en 1963, en poursuivant malgré tout sa carrière par la suite. Ce costume lui sied parfaitement et les thématiques au rendez-vous rejoignent celle de ses propres films. Clint interprète un individu irréprochable et même rigoriste, badass et carré, à l'excès de sérieux parfois désarmant. Il est en train de s'essoufler et son nouvel adversaire joue avec ses peurs, tout en lui offrant l'opportunité d'une rédemption.
Le style est grandiloquent, avec des aspects typiques (les relations avec les collègues, l'idylle, le collègue qui flanchera forcément) et outranciers (le génie du mal, meurtres assez peu utiles de sa part dont le but est plutôt de souligner le caractère en quelques uppercut, etc). Ce divertissement est aussi peu original qu'il est plaisant ; plein d'humour, de panache et d'adresse. Sa véritable valeur ajoutée tient aux trois principaux personnages et surtout au choc Eastwood/Malkovich.
Ce dernier est un méchant jubilatoire, poussé à la fois par son nihilisme et le désir de revanche contre un ordre qui l'a lésé (c'est un ex-tueur à gages du gouvernement, chargé des besognes les plus sadiques). En route vers son exploit, il fait la démonstration de ses talents de transformiste, gratifie Clint(on) et le public de saillies spirituelles et désespérées, tout en restant lucide et efficace, en bon versant dark de McGyver. Caricatural et consistant.
https://zogarok.wordpress.com/2015/07/03/dans-la-ligne-de-mire/