Cette critique contient des spoils.
C'est un film de 1999 et ca se sent : les problématiques de transidentité sont utilisées à des fins de comédie avec un vocabulaire qui semble dépassé de nos jours. Le passage où Lotte dit "j'ai décidé que je suis un transsexuel" est présenté comme une lubie de sa part tout le long du film. D'un autre côté, on a le trope de la femme bisexuelle maléfique incarné par Maxine. Malgré ces points du films qui ont mal vieillis, tout cela reste justifié par l'objet principal du film : la quête identitaire. Il tourne malheureusement un petit peu trop autour du sexe.
L'idée des passages secrets fonctionne super bien et les incursions dans l'inconscient de Malkovich apportent la touche fantastique qu'il faut : j'aurais bien aimé voir ce genre de procédé dans les biopics, qui parfois virent au nombrilisme (j'ai encore dans la gorge la frustration de Poesía sin fin). Ici, le surréalisme est utilisé avec parcimonie et sert le scénario.
Les personnages sont bien écrits et subissent tous une évolution ; l'aspect découverte de soi au travers des autres permet de beaucoup développer sans que cela ne s'épuise dans des branchements inutiles. Lotte, par exemple, a du se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre afin d'accepter son lesbianisme. C'est une expérience assez communes aux femmes queer de s'imaginer en homme pour pouvoir sortir avec des femmes, quand elles manquent de modèles dans lesquels se projeter. Quant à Craig, il craint du début jusqu'à la fin, étouffe sa femme en la remettant "au placard", n'acceptant pas sa potentielle transidentité, ni qu'elle puisse vivre des amours lesbiennes. On a un dénouement heureux des deux femmes qui, ayant réussi à s'émanciper des griffes du misérable Craig, ont un enfant par PMA quantique.
Le film est hilarant, cynique, absurde et ingénieux, et je comprends qu'il ait inspiré des séries actuelles comme Severance, dont la ressemblance est folle avec le passage de la télévision expliquant l'histoire de l'entreprise ! 8.5/10