The Keeping Room ne suit pas les codes narratifs classiques du western. La dimension aventure en est absente et il s'apparente plutôt au genre du thriller.
Durant la guerre de sécession, trois femmes seules vivent dans leur grande demeure du sud. Les hommes en sont partis pour faire la guerre. Ce sont deux jeunes sœurs et leur esclave. Elles se débrouillent pour assurer leur quotidien, elles travaillent au champ et ont un fusil à portée de mains en ces temps d'insécurité.
Le danger on le ressent dès le premier plan d'ouverture. Une esclave fait face à un chien qui aboie agressivement et, dans une scène surréaliste, elle lui répond en aboyant plus méchamment que lui ! Seulement la menace est ailleurs … On la découvre très vite. Le ton est donné.
Ce western a comme particularité de mettre au centre les femmes, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles sont malmenées, mais également qu'elles ont du répondant. C'est un portraits de femmes à la fois fragiles et fortes qui nous est dressé. Quand elles doivent tirer elles le font, même si c'est en tremblant de tous leurs membres. Elles sont unies dans ce combat pour la vie et leur relations évoluent dans ce rude coude à coude spécialement avec Mad leur esclave. Elles sont toutes trois dans la même galère. Les rapports maître esclave en sont changés.
C'est un western dans lequel on se raconte des histoires pour tenter de survivre et pour faire face aux « monstres » de chair et d'os. Mais l'un de ces monstres s'humanise quand il donne son nom et raconte lui aussi son histoire. Ce personnage est remarquablement campé par Sam Worthington qui fais passer beaucoup de subtilité dans son jeu. C'est un yankee à la dérive, on en sait peu sur lui mais suffisamment pour comprendre qu'il a été brisé par la guerre, qu'il s'est perdu lui-même et qu'il est autant victime que bourreau d'une situation qui le dépasse.
The Keeping Room est un western désenchanté et réaliste, qui nous plonge dans la réalité crue en temps de guerre. Sans fioriture, ce western psychologique déroule son histoire lentement, nous donnant de ressentir la peur, le désarroi, la confusion, le courage, la dignité, de ces femmes qui savent tenir tête jusqu'à ce plan final et ce feu de victoire tandis qu'on voit, dans un plan en plongée, des soldats, courir en tous sens tels des insectes dérisoires.
Que ça fait du bien un western où les femmes sont fortes dans des personnages crédibles et où les actrices ne sont pas là simplement au service d'une romance venant agrémenter un scénario élaboré avant tout pour des hommes !
NB : cette critique est dédiée à Jéjé, il sait pourquoi !