Le spectateur est tout de suite pris par l’enthousiasme qui anime Teddy dans sa découverte du lac : le plaisir de rouler sur l’épaisse couche de glace dans une vieille camionnette, de crier dans le silence des montagnes qui bordent le lac. Cependant, nous avons rapidement le sentiment que le film est coupé en deux.


La première partie est fidèle à Sylvain Tesson : le voyage de Teddy n’est pas un coup de folie ni une envie de fuir la société comme le laissait penser Into the Wild, il répond à un désir de vivre intensément chaque instant. La voix off le dit bien, dans cette nature sauvage encore, il est possible de posséder le temps. Dans le rythme des villes, tout nous échappe ; mais ici, le personnage peut s’exclamer : « je suis libre, parce que mes jours sont libres. » Teddy, qui reprend parfois les paroles du journal de Tesson, est ainsi présenté comme un jeune homme ayant eu le courage de démissionner et de croire qu’il n’est pas impossible de vivre sans le confort ni la sécurité de l’emploi.


Cependant, la seconde partie du film est très librement adaptée, et il devient un peu gênant qu’il porte le nom du livre étant donné le peu de rapports qu’il entretient avec lui. Une histoire d’amitié se noue entre Teddy et Aleksei, un coupable réfugié dans la Sibérie pour échapper à la prison. Ce personnage apporte un contrepoids, il souhaite retourner en ville quand Teddy ne cherche qu’à rester dans la nature, présentant les paradoxes politiques et sociétaux de notre temps. Mais nous nous interrogeons sur le sens de cette histoire, des scènes de chasse, de la visite un peu rocambolesque de l’ours, qui apparaissent comme les ingrédients d’un film commercial ou conventionnel pour un projet qui ne l’était pas. La voix off de Teddy surgit de nouveau à la fin du film et nous aurions aimé le voir davantage vivre seul dans cette cabane. C’était un réel défi pour la réalisation que de filmer la solitude : avec ce scénario, le réalisateur l’a en partie manquée ou évitée. Il reste cependant la réelle envie de liberté en quittant son fauteuil, à condition de ne pas perdre à l’esprit que Tesson, voyageur averti, ne partait pas à l’improviste…


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aldanjack
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le 3 juin 2016

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