L'exil du poète
Dante Alighieri, dont l’œuvre d'écrivain est plus connue que la vie, méritait bien qu'un cinéaste tel que Pupi Avati se penche sur son cas. Le prisme choisi est d'ailleurs astucieux puisque c'est à...
le 24 févr. 2024
La biographie du 1er père de la littérature italienne, Dante Alighieri (1265-1321) qui rédigea en toscan « La divine comédie », est une bonne idée, d’autant qu’elle est racontée par le 3e père [le 2e étant Pétrarque (1304-1374)], Boccace (1313-1375), qui considère Dante comme un père (48 ans d’écart quand même !). Ce dernier (joué par Sergio CASTELLITTO) doit remettre, 29 ans après la mort du poète, 10 florins d’or à la fille de Dante, Antonia, renommée sœur Béatrice, religieuse dans un couvent de Ravenne et qu’il atteint après 6 jours de voyage. Le film bénéficie d’une belle reconstitution du XIIIe s en Toscane (superbes décors d’églises notamment), magnifiée par la photographie de Cesare BASTELLI (dont c’est la 11e collaboration avec le réalisateur). Malheureusement, il est gâché par le montage qui abuse des flash-backs et rend confus la compréhension du récit qui mélange vie privée de Dante, adapté de son livre « Vita nuova » (mort de sa mère, remariage de son père alors qu’il a 13 ans, 1ère rencontre à 9 ans de Béatrice Portinari du même âge et dont il tombe amoureux mais qui doit épouser un banquier plus vieux qu’elle tandis que Dante fait l’objet d’un mariage arrangé avec Gemma Donati) et événements historiques (à Florence mais aussi à Rome que les papes quittent pour Avignon à partir de 1309). Une narration chronologique aurait été plus pédagogique car le contexte historique, passionnant, demeure compliqué pour qui n’est pas historien ou n’a pas consulté Wikipédia avant le film : à la fin du XIIIe s, Florence (l’une des cités les plus puissantes d’Italie et qui a donné son nom à la 1ère monnaie en or, le florin, en 1252) est le siège de luttes entre les Gibelins (partisan du Saint-Empire germanique dont le trône est vacant) et les Guelfes (soutenant le pape). Après un revers, les Guelfes reprennent le pouvoir à Florence en 1266 et y instaurent une république. Une dissension les divise en guelfes noirs et guelfes blancs (qui s’opposent à l’ingérence de la papauté) et dont faisait partie Dante (qui avait la charge de prieur de Florence), ce qui lui valut un exil définitif (car condamné pour concussion) en 1302 et l’errance en Italie du nord jusqu’à se fixer à Ravenne où il meurt de malaria à 56 ans. La peste de 1348 qui emporta la moitié de la ville, mit fin à ces oppositions. Le spectateur perdu entre tous les personnages (jeunes et vieux) et les époques, se désintéresse de l’histoire. Dommage !
Créée
le 19 mars 2023
Critique lue 80 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Dante
Dante Alighieri, dont l’œuvre d'écrivain est plus connue que la vie, méritait bien qu'un cinéaste tel que Pupi Avati se penche sur son cas. Le prisme choisi est d'ailleurs astucieux puisque c'est à...
le 24 févr. 2024
Du même critique
Il est étonnant que le film ait obtenu le prix du meilleur scénario à la 81e Mostra de Venise (présidée par Isabelle Huppert) car c’est seulement l’adaptation, chronologique et linéaire, du livre...
Par
le 28 oct. 2024
11 j'aime
2
Dès les premières images, j’ai senti que le film ne me plairait pas : en hiver, longs plans fixes sur la cime des arbres, sur un bucheron tronçonnant des arbres, fendant les buches à la hache, les...
Par
le 7 déc. 2023
10 j'aime
9
Voici un film typique de festival où les spectateurs et critiques bienveillants verront un film humaniste, original, inclusif, surréaliste, sur Bailey, métisse androgyne, 12 ans, passant de l’enfance...
Par
le 28 oct. 2024
8 j'aime