Œuvre bâtarde partant d'un bon sentiment à une époque où Marvel balbutiait encore dans son berceau mais n'avait néanmoins pas encore son emprise totale sur la direction que devait prendre ses films, Daredevil déçut le public à sa sortie. Très mal interprété, visuellement pas vraiment très impressionnant et débordant de mauvais goûts multiples, le long-métrage avait prouvé à l'époque, de manière précurseuse, qu'il ne fallait pas filer une adaptation à n'importe qui. Marvel a fait la même erreur deux fois.


Pourtant, si le film fait pâle figure et garde en lui des défauts de mise en scène évidents, le script pondu par Mark Steven Johnson, alors scénariste de comédies ricaines dont on taira les titres pour ne pas flinguer un peu plus leur auteur, n'est pas si dégueulasse et s'avère même plutôt réussi. On sera d'accord pour dire qu'un bon scénar' ne fait pas un bon film, la preuve en est, mais le fait est que Johnson connait le comics et l'adapte du mieux qu'il peut. Et ce Director's Cut, sorti un an plus tard, relève un tant soit peu le niveau.


Que l'on soit d'accord, cette version ne fera pas mieux jouer Ben Affleck, elle n'enlèvera aucune scène de cabotinage avec Colin Farrell ni la bagarre sous forme de ballet entre Matt et Elektra dans un jardin d'enfants ou leur baiser tellement cute sous la pluie. En revanche, le scénario se voit agrémenté de plans plus violents, d'un approfondissement du personnage de Matt et de son passé mais surtout d'une sous-intrigue avec un témoin à charge (interprété par Coolio, on peut pas tout avoir) qui aura son importance dans l'enquête que mène Matt en tant qu'avocat.


Sans tirer sur l'ambulance, ces ajouts (d'une durée totale de 30 minutes tout de même) ne sauvent pas le film mais lui apportent une dimension plus sérieuse, plus adulte. On aurait cependant préféré que le réalisateur profite de son opportunité pour remonter son film et non ajouter à tire-larigot, en laissant tomber par exemples les jacasseries de Jon Favreau, ces quelques plans de bagarres ringards fortement dispensables et ne surtout pas rajouter cette arrivée de Bullseye à l'aéroport. Au final, un director's cut encore imparfait (on ne peut pas changer ce qu'on a déjà tourné, n'est-ce pas Russell Mulcahy ? N'est-ce pas Zack Snyder ? oh wait...) mais certainement supérieur à son modèle ciné.

MalevolentReviews
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Créée

le 20 nov. 2020

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