Quand on parle de Director's Cut, on frémit le plus souvent, certains étant un argument commercial pour foutre 2/3 séquences coupées au montage, d'autres étant de réelles relectures pouvant faire d'autant plus apprécier le métrage originel. Le premier film d'Alex Proyas fait partie de la seconde catégorie. Sorti en DVD et blu-ray dix ans après la sortie en salles, remaniée par Proyas lui-même pour se plier aux exigences minimes de la production, cette nouvelle version de Dark City s'avère radicalement meilleure que celle diffusée en salles.
Outre un travail sur l'image, les filtres passant du bleu/vert glacial à une ambiance plus grisâtre, plus jaunie aussi, et des effets visuels revigorés, c'est surtout grâce à un nouveau montage plus cohérent que, dans l'ensemble, le film se bonifie et le visionnage en devient plus agréable. Exit la voix-off en début de bobine, nous plongeons directement dans une atmosphère bien plus froide en accord avec le ton du film (certains pourraient regretter cette absence d'introduction qui renforçait le côté "film noir"). Exit aussi Anita Kelsey, c'est bel et bien Jennifer Connelly qui pousse la chansonnette lors de sa première apparition, appuyant son manque évident de talent en adéquation avec son personnage. Pour le reste, le nouveau montage rajoute ou retire des lignes de dialogues, modifiant ainsi leur sens, devenant plus énigmatiques pour certains et plus transparents d'autres.
La comparaison entre les deux versions ne vaut concrètement que pour une préférence de première lecture. Autrement dit, si vous voulez découvrir Dark City, il est conseillé de le regarder pour la première fois dans sa version Director's Cut : plus limpide, plus immersif, visuellement plus beau, le long-métrage happe sans nous lâcher. Si dans le cas contraire, vous êtes fan de la première version et voulez jouer au jeu des 7 différences, la vision globale du film sera hardie tant Proyas n'a modifié que des plans ou des dialogues, ce qui, en l'état, ne change pas immédiatement le souvenir que vous aviez du long-métrage. En définitive, cette version démontre avec efficacité que certains Director's Cut valent le coup d'attendre que leur auteur s'y attarde, le boulot effectué ici étant fabuleusement qualitatif.