On prend les mêmes et on rerererererecommence. Il y a Johnny, bien sûr, Helena, Danny, Colleen, la costume designer, etc. Et puis il y a les petits nouveaux, pour donner l'illusion de se renouveler.
C'est donc l'histoire de la famille Collins qui quitte Liverpool en 1752 pour le Nouveau Monde. Les années passent, la famille forge un empire commercial qui met le monde à ses pieds, ou tout au moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Mais ce confort pécuniaire ne sauvera pas Barnabas de la malédiction que lui lancera Angélique Bouchard par jalousie amoureuse. Transformé en vampire et condamné à vivre enterré, ce n'est que 200 plus tard que Barnabas est libéré. Il devra alors désormais s'adapter aux mœurs du XXème siècle, établir le contact avec les nouveaux résidents du manoir Collinswood et, bien sûr, affronter la sorcière qui lui a tout pris.
Tim Burton réalise « un conte gothique », adapté d'une série télévisée des années 60. Les critiques sont toutes, ou presque, dithyrambiques. Mais que l'on ne s'y trompe pas : Dark Shadows est une œuvre fade, exempte de toute poésie et qui croule sous une tonne d'effets spéciaux pas toujours bienvenus. Ce manque d'originalité, tant dans l'idée que dans le fond et la forme, n'empêche pourtant pas la presse d'être une fois de plus en effervescence. Las, je ne souhaite pas ici faire la critique du côté néfaste des adaptations-prequels-reboots-remakes-et-autres-cross-overs, mais quand même, les scénarios originaux ne font pas légions dans l'oeuvre de Tim Burton. Bien sûr, le réalisateur a su imposer l'originalité de son univers à ses débuts. Mais à présent, que reste-t-il ? De Friedrich Murnau à Jean-Marie Poiré en passant par Dario Argento, Burton emprunte à tout le monde. Plus discret et moins tape-à-l'oeil qu'un Tarantino certes, il construit une œuvre qui en oublie toutefois d'être personnelle. Exit l'univers onirique qui fit de lui un grand du cinéma alternatif américain. Les fantômes de Poe sont ici broyés au profit d'une mise en scène hollywoodienne conventionnelle (champs/contre-champs, utilisation de grues) au service d'une intrigue paresseuse. Bon, j'exagère un peu. Tout n'est pas nécessairement mauvais dans Dark Shadows. Je concède que c'est un divertissement honnête. Le film repose sur un rythme qui ne permet quasiment aucun temps mort et certains rebondissements dans l'intrigue ne passent pas inaperçus, en témoigne l'abandon de la famille par le père... A l'inverse, certaines scènes auraient gagné en consistance si... Si quoi ? Eh bien si Burton avait su concilier parodie et passage à l'âge (cinématographique) adulte. Du reste, le casting tient ses promesses, avec une mention spéciale pour Chloë Moretz qui, à mille lieues de la sobriété et de sa composition toute en retenue dans Laisse-moi entrer (qui succédait lui-même au génial Kick-Ass), prouve une fois de plus sa polyvalence en incarnant une pré-ado exubérante. On remercie également Johnny Depp de ne pas en faire des tonnes avec ses mimiques qui finissaient par agacer. Car les deux font la paire : Depp et Burton ont réussi à se noyer dans les habitudes qui ont forgé leur réputation. C'est à se demander, au final, si le couple n'a pas pour projet de réaliser tout au long de sa carrière une oeuvre unique mais bicéphale, schizophrène, qui se phagocyterait d'elle-même.
Honnête pour un divertissement, décevant pour un Burton que je trouve décidément de plus en plus surévalué. En attendant Frankenweenie...