Darkman premier du nom n’a pas été un succès phénoménal à sa sortie en salles. Il a été rentable mais les gars de chez Universal étaient frileux pour une suite puisqu’elles ont à l’époque la réputation de rapporter moins d’argent que le premier film. Universal préfère commander un pilote de série basé sur le personnage de Darkman sous forme de remake, mais le résultat ne convaincra pas les potentiels diffuseurs et la série ne verra jamais le jour. Mais devant le succès en vidéoclub de Darkman, deux suites sont finalement annoncées pour le marché de la vidéo et elles seront tournées en même temps en 1993. Pourquoi une sortie aussi tardive étant donné que Darkman II arrive en 1995 et Darkman III en 1996 ? C’est un mystère. Mais une chose est sûre, c’est que la réputation de ces deux suites n’est guère flatteuse et il n’y aura pas de nouvel opus par la suite. Mais comme j’aime finir les sagas que je commence (vous commencez à connaitre le couplet), me voilà donc en train de pondre ces modestes lignes sur Darkman II – Le Retour de Durant, un sous-titre qui d’entrée de jeu nous spoile un peu l’intrigue et nous interroge sur comment Durant a bien pu survivre à ce crash d’hélicoptère.
Avec son budget estimé à 8.5M$US, exit Liam Seeon, bonjour Arnold Vosloo (le méchant de la Momie. Exit Sam Raimi (qui n’est plus que producteur exécutif) et bonjour Bradford May (qui réalisera également la suite). Bradford May, c’est une filmographie longue comme le bras, composée à 99% de téléfilms et de série, avec au milieu de tout ça deux films cinéma, le très mauvais Délivre nous du Mal (2001) et l’inconnu au bataillon Street (2015), et donc les direct-to-vidéo Darkman 2 et 3. Ce Darkman II commence par expliquer sous forme de flashback condensé le premier film, histoire de replacer les choses dans leur contexte pour qui n’aurait pas vu l’original de Raimi, puis nous fait comprendre que l’histoire reprend 878 jours après. Les vingt premières minutes sont intéressantes, nous font comprendre que Peyton est toujours en train d’essayer de faire en sorte que sa peau synthétique résiste a plus de 99 minutes aux UV. Mais très vite le rythme ralentit, le film devient un peu mou du genou et l’ensemble n’est guère passionnant. Ca passe beaucoup de temps à mettre en place une intrigue plutôt terne avec des dialogues interminables et pas toujours très intéressants, et qui nous fait nous poser énormément de questions car rien ne nous est expliqué. Comment Durant a survécu ? Il a survécu, point. Comment Darkman en est arrivé à utiliser cette rame de métro abandonnée ? On ne sait pas. Pourquoi la Police n’est jamais là après des échanges de coups de feu dans la rue ou que des gens tombent étrangement d’immeubles ? Parce que fraise. On sent clairement ici un gros manque d’ambition. Plutôt que de créer une vraie histoire, on ressuscite le méchant du premier film et la traque de Darkman peut ainsi reprendre. Du coup, on en recycle également les idées mais sans y injecter l’humour noir et l’aspect comic-book qui donnaient une touche si particulière au film de Raimi. On pourrait se dire que Darkman n’est pas un héros très polyvalent et que la plupart des choses qu’on pouvait en faire avaient déjà été faites dans le un, mais un minimum de nouveautés, ou tout simplement de l’efficacité, auraient été bienvenus.
Il y a encore plus de facilités que dans le premier film avec des coïncidences bien trop grosses pour être crédibles. Le Darkman découvre qu’un scientifique bosse sur la peau synthétique comme lui et qu’il pourrait l’aider, et comme par hasard les hommes de Durant veulent avoir son bâtiment coute que coute pour une raison lambda. La mise en scène est complètement passe-partout. Bradford May est un bon gros tâcheron et jamais il ne tente des choses, jamais il n’essaie d’amener un style (ou de reprendre celui de Raimi), se contentant péniblement de filmer ce qui doit être filmé. La photographie est passe-partout (alors que c’est le métier principal de May) là où il y avait un minimum de recherche pour lui donner un aspect comic-book car, rappelons-le, même s’il n’est adapté de rien, Darkman a été pensé et réalisé comme s’il était une adaptation de comic-book. Ce manquement, on le ressent également au niveau du casting. Bien que Larry Clarke dans le rôle de Durant continue sur la même lancée, Arnold Vosloo manque clairement de charisme face à son prédécesseur. Il s’en sort honorablement dans ce rôle au final assez complexe du personnage de Darkman, mais il est bien plus sobre, voire monolithique, que Liam Neeson qui avait un côté plus cartoon, cabotinage à l’appui, tel que le souhaitait Sam Raimi. Les maquillages sont eux-aussi au rabais (oui, ça coute cher) et le personnage de Darkman nous est au final que peu montré aussi bien dans son état naturel (le visage rongé par de l’acide) que sous son accoutrement. Certains diront qu’il vaut mieux cacher plutôt que montrer la misère, certes, mais lorsqu’il s’agit du personnage central, c’est problématique. Les SFX sont eux d’un autre temps, grattés à même la pellicule comme dans les productions fauchées du début des années 80 et voir cette arme tirer des rayons jaunes semi-électrique a quelque chose de navrant visuellement parlant. Tant de choses un peu à côté de la plaque mais pourtant un film qui se suit malgré tout, dans l’espoir d’un sursaut du réalisateur sur le final, qui relève certes un peu le niveau mais qui à aucun moment n’arrive à la cheville de celui de Darkman premier du nom.
Darkman II – Le Retour de Durant est une suite clairement au rabais qui ne fait illusion que l’espace de 20 minutes. Alors qu’il y avait moyen de faire une saga sympathique en DTV, ce deuxième opus est bien trop moyen pour retenir l’attention.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-darkman-ii-le-retour-de-durant-de-bradford-may-1995/