Quand un film de genre veut jouer dans la cour des intellos, ça devient vite barbant à force de tics cinématographiques et ampoulé d'effets cinématographiques jusqu'à la nausée et génère un ennui souvent à la mesure de la prétention du réalisateur.
Ici n'y a rien de tout cela, malgré ce que pouvait faire craindre l'avertissement introductif dans le style déferlement de ma maîtrise technique qui va te secouer les yeux genre jeux vidéo des années 90.
Est-ce dû au fait que d'entrée le réalisateur nous place ses références (le locataire, Rosemar'sbaby et Barbe bleue) pour qu'on ait plus à s'en soucier afin de n'avoir qu'à nous concentrer sur l'élégance de ce noir et blanc qui drape chaque plan ou l'élégance de la mise en scène qui suit avec discrétion l'évolution de la protagoniste ? Est-ce le jeu nuancé de l'actrice qui trimballe son air naïf dans les pièces de cette grande bâtisse et les rues d'une ville qu'on imagine New-York ?
En tout cas ce film sait nous prendre par les yeux pour nous emmener jusqu'au bout de la folie de cette concierge assaillie par les traumatismes dont elle veut se libérer. Rien n'est gore et pourtant certaines scènes viennent vous tendre comme un arc et vous transmettent leur douleur mais jamais le dégoût.
Oui, c'est sans doute là la grande réussite de ce film : avoir, le don de nous transmettre la peur avec une élégance toute hitchcokienne.