« I'm sorry we drank your father. » PETER HIGHMAN

En 2009, Todd Phillips a véritablement marqué un tournant dans sa carrière avec The Hangover, un film qui a bouleversé le paysage des comédies contemporaines. Jusqu'alors, Todd Phillips s'était principalement concentré sur des comédies plus ordinaires et inoffensives, mais avec The Hangover, il a su s'attaquer à des thèmes plus audacieux et exagérés. Cette virée burlesque à Las Vegas, où des amis se retrouvent embarqués dans une nuit chaotique qu'ils peinent à reconstituer, a captivé le public par son humour désinhibé et ses situations totalement improbables.

Non seulement le film a reçu des éloges tant de la part des critiques que du public, mais il a également pulvérisé les records au box-office, devenant le film de comédie le plus rentable de son époque. Avec un budget relativement modeste, le film a généré des recettes colossales, prouvant qu'il y avait une forte demande pour des comédies qui ne reculent pas devant l'absurde et l'excès. Ce succès phénoménal a ouvert la voie à une nouvelle ère de comédies débridées, encourageant les studios à investir davantage dans des projets similaires et à explorer des récits plus irrévérencieux.

Avec la demande croissante pour des comédies audacieuses et débridées, Todd Phillips a décidé de s'engager dans un nouveau projet avec Due Date. En participant activement à l'écriture du film, Todd Phillips a une fois de plus démontré sa volonté de capitaliser sur la formule qui avait fait ses preuves : des personnages hauts en couleur, des situations comiques délirantes et une dynamique d'amitié imprévisible.

Pendant ce temps, la suite de The Hangover est en cours de tournage, ce qui témoigne de l'élan créatif que Todd Phillips veut entretenir après avoir conquis le public.

Due Date sort donc en 2010 et tout porte à croire que Todd Phillips n’est pas prêt de changer une recette qui fonctionne.

Le film s'inscrit parfaitement dans la tradition des buddy movies et des road movies, deux genres qui se complètent et s'enrichissent mutuellement dans cette comédie débridée. Le film met en scène la dynamique entre deux personnages très différents qui se retrouvent contraints de voyager ensemble pour des raisons inattendues. Cette alliance improbable, typique des buddy movies, génère un ensemble de situations comiques et tendues, alors que les deux protagonistes doivent apprendre à cohabiter malgré leurs différences.

En parallèle, le format road movie permet de faire évoluer l'intrigue à travers divers paysages et lieux, chacun offrant de nouvelles occasions de conflits, de révélations et de moments de camaraderie. Ce voyage à travers le pays devient le cadre idéal pour explorer les thèmes de l'amitié et des liens humains, souvent renforcés par des épreuves communes. Les mésaventures du duo sur la route, de leurs arrêts inattendus aux rencontres étranges, ajoutent une couche d'humour absurde et de surprises qui fait écho aux succès précédents de Todd Phillips.

La combinaison de ces deux genres permet à Todd Phillips de continuer à exploiter sa formule gagnante, tout en apportant une fraîcheur à son récit. Les conflits comiques entre les deux personnages, exacerbés par la dynamique de la route, créent un rythme effréné qui maintient l'attention du public tout en offrant une réflexion sur l'évolution des relations humaines.

Le film repose effectivement sur une idée très simple et efficace : deux types mal assortis sont contraints de faire la route ensemble. Cette dynamique, qui pourrait sembler classique dans le cadre d'un buddy movie, est ici transformée par une anti-alchimie radicale. Contrairement à la plupart des comédies où l'harmonie entre les personnages est cruciale, ici, les deux hommes ne parviennent pas à communiquer efficacement et s'opposent sur presque tous les aspects de leur voyage. Cette opposition crée un terreau fertile pour une multitude de gags, car chaque interaction entre les personnages débouche sur des malentendus hilarants et des tensions palpables. La frustration croissante de Peter Highman face aux manières excentriques et à l’innocence de Ethan Tremblay génère des situations comiques qui tiennent le public en haleine. Chaque scène est ponctuée de conflits, qu'il s'agisse de choix musicaux dans la voiture, de décisions concernant les arrêts ou même de la manière de gérer des situations imprévues.

Cette anti-alchimie devient le moteur du film, offrant une réflexion sur les relations humaines et les interactions sociales. Todd Phillips réussit à transformer ce qui pourrait être une simple comédie de voyage en une exploration des dynamiques complexes qui existent entre des personnalités fondamentalement incompatibles. En fin de compte, cette tension et cette incapacité à se comprendre font non seulement rire, mais ajoutent également une profondeur inattendue au récit, permettant au public de s'investir émotionnellement dans les mésaventures de ce duo improbable.

Les prestations de Robert Downey Jr. (qui accepte le rôle car sa femme est productrice) et Zach Galifianakis sont indéniablement l’un des points forts du film. L'alchimie unique entre ces deux acteurs, même dans leur opposition, permet des performances qui oscillent entre le rire et la tension ajoute une profondeur au récit, transformant des moments potentiellement banals en scènes hilarantes et mémorables. Ensemble, ils forment un duo irrésistible qui illustre parfaitement la dynamique de l’anti-alchimie, faisant de leurs interactions un véritable régal comique.

La première rencontre entre Robert Downey Jr. et Zach Galifianakis est presque digne d'un sketch comique en soi. Alors qu'ils ne se connaissaient pas encore, Galifianakis, plein d'enthousiasme, s'est précipité vers RDJ dans la rue pour saluer son nouveau partenaire de jeu. Ne reconnaissant pas immédiatement son futur collègue, RDJ a eu une réaction instinctive de défense, craignant d'être attaqué. Ce moment de tension a failli dégénérer en une véritable altercation, illustrant à quel point les premières impressions peuvent être trompeuses.

Fort heureusement, Robert Downey Jr. a finalement identifié son assaillant comme étant le comédien avec qui il allait travailler. Cet incident fortuit, bien que comique, illustre également la chimie potentielle entre les deux acteurs, qui s'est ensuite traduite à l'écran. Ce genre de rencontres inattendues contribue à créer un climat de camaraderie et de complicité, des éléments qui se reflètent dans leur performance commune.

Todd Phillips, comme à son habitude, fait une petite apparition en tant que Barry.

Comme dans The Hangover, on observe une glorification de l’amitié masculine qui prend la forme d'une communion presque régressive entre les deux protagonistes. Le film met en avant une dynamique où les interactions entre hommes sont mises sur un piédestal, créant un espace où la camaraderie et les frasques partagées sont célébrées au détriment des relations féminines. Cette mise à l’écart des figures féminines renforce l'idée que l'aventure et la complicité masculine sont les véritables moteurs de l'intrigue, reléguant les personnages féminins à des rôles secondaires ou à des éléments de décor.

Cette approche peut être perçue comme une régression, car elle encourage des stéréotypes liés à la masculinité, où les hommes sont souvent montrés comme des enfants dans un monde d’adultes, cherchant à échapper aux responsabilités et aux contraintes de la vie adulte. Les comportements immatures et les excès de ces personnages sont souvent présentés comme des moments de libération et de plaisir, faisant ainsi l'éloge d'une forme d'amitié qui frôle l'irresponsabilité. Dans ce contexte, les femmes sont soit absentes, soit confinées à des rôles qui ne contribuent pas à l'évolution de l'intrigue, ce qui peut donner l'impression que le film valorise une forme d’hédonisme masculin au détriment des relations équilibrées et significatives avec le féminin.

Cette glorification de l’amitié masculine, bien qu’elle puisse être interprétée comme une célébration de la camaraderie, soulève des questions sur la représentation des sexes et sur les messages véhiculés par le film (rappelez-vous la femme de Stu dans The Hangover).

Due Date réussit à s'imposer comme une comédie débridée qui explore les thèmes de l'amitié masculine à travers une dynamique à la fois humoristique et chaotique. Bien que le film offre des performances sympathique de Robert Downey Jr. et Zach Galifianakis, tout en faisant un usage habile des codes du buddy et road movie, il soulève également des interrogations sur la représentation des femmes et sur la glorification d'une camaraderie souvent régressive. La mise à l'écart des figures féminines au profit d'une communion masculine souligne une vision du monde qui, bien que divertissante, peut renforcer des stéréotypes liés à la masculinité.

StevenBen
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le 30 sept. 2024

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Steven Benard

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