David et Madame Hansen par Ordos
Alexandre Astier n'aime pas être là où on l'attend. Après avoir fini Kaamelott version série en 2007, tout le monde trépignait d'impatience quant à voir la suite au cinéma. Nous sommes en 2012 et les films ne sont toujours pas débutés et c'est même encore assez loin. Alexandre Astier à, au contraire, voulu faire d'autres projets dont ce mystérieux film qui traîne depuis quelques années (prévu à la base pour Alain Delon, le film a du être réécrit suite à l'abandon de ce dernier).
Astier aime raconter des histoires par le prisme du passé comme il aime à le répéter. Du coup, ici il s'attaque à un film contemporain au spectateur et dans un sujet où là non plus le grand public ne l'attendait pas : le drame. Si quelques répliques font sourire, le film est loin d'être une comédie. Passons sur les bons points, le duo d'acteur marche très bien et Adjani est épatante. Elle sait alterner les attitudes avec brio sans pour autant perdre cette fragilité qui constitue son personnage. On l'a sent toujours sur le fil et on ne sait pas quoi attendre de cette Madame Hensen. Le personnage de David est lui aussi intéressant. On débute avec quelqu'un voulant faire ses preuves dans son nouveau boulot mais qui, petit à petit, sera plus intéressé par le passé de sa patiente qu'au protocole.
Si le réalisateur (Astier si vous ne suivez pas, qui est aussi monteur, compositeur et qui vend les billets au guichet de votre cinéma) n'était pas à son premier coup d'essai (ayant déjà dirigé Kaamelott, qui à partir du livre V, a su prendre des dimensions cinématographiques), c'était quand même un test quant à sa capacité à diriger un long-métrage. Il s'en sort très bien. Très posée, mais pas mollassonne, la caméra sait toujours très bien se placer pour laisser la place aux mots plus qu'aux gestes. Certaines scènes sont vraiment bien construites dans leur impact émotionnel (la piscine ou bien le final de ce road trip). Les musiques servent là aussi les émotions tout en étant assez discrètes.
Le problème du film vient de son rythme, assez poussif. Le film dure 1h29, mais on a l'impression de rester plus longtemps dans la salle. Il faut aussi un certain temps pour rentrer dans le film et être impliqué, j'ai trouvé.
Pour un premier film, Alexandre Astier prouve qu'il a un certain talent sur plusieurs domaines. Il voulait commencer par un film modeste, sans grande prétention avec un sujet qui lui tient à coeur et on peut dire que c'est un premier essai réussi.