Un mec qui sait pas reconnaître le talent d'Adjani ? C'est trop un boloss.
Avec une insulte dès le titre, tous les deux on ne va pas forcément partir sur de bons rails. C'est inspiré d'une publicité, je le précise pour ne pas passer pour un clampin. Je voudrais que tu passes outre cette provocation et que tu te penches sur ce que je vais te dire, car c'est de la plus haute importance. Tiens, je vais faire un pas vers toi. Comme je sais que tu aimes quand on te donne raison, je vais te faire plaisir-la-famille.
Oui, Isabelle Adjani en fait des tonnes, et oui elle joue toujours comme ça. C'est son jeu, c'est elle, c'est sa froideur. Oui il faut adhérer, oui si tu adhères pas c'est ridicule, oui elle se la pète, oui elle est au summum de l'Adjanisme. Mais je vais te dire un truc, mon coco. Si là, de suite, maintenant, tu penses ça et qu'au même moment, tu penses qu'Isabelle Huppert vaut mieux qu'elle, ben tous les deux on ne va même plus tenir la moindre discussion. Oui c'est gratuit mais je ne l'aime pas, Huppert, donc comme ça si toi tu l'aimes je peux aussi dire qu'elle est mauvaise actrice. Ca te fait souffrir hein ? Tu me détestes, non ? Ca fait mal, tu vois.
Oui, Alexandre Astier n'écrit pas des scénarios, il fait du Astier, c'est à dire du Kaamelott marrant, du Kaamelott pas marrant, du spectacle pince-sans-rire, tout ça tout ça. D'accord, tu as raison, tu es content ? Au final, on retrouve même le paroxysme de son talent d'écrivain qu'il singe lui-même lorsque, couchés dans le lit, sa belle et lui s'échangent quelques joutes comme au temps de Arthur et Guenièvre. T'es content, tu as ce que tu veux ? Ca te fait plaisir que je te dise qu'il tombe dans la banalité ?
Oui, c'est l'institution, c'est la Médecine avec un grand M, c'est les cachets, les méchants psy, les médecins branleurs contre le gentil David. C'est David contre Goliath, la métaphore te plaît ? Une petite main dans la culotte qui va bien c'est ça ? C'est cliché, plein de poncifs, comme si on avait le temps de perdre son temps avec des malades alors qu'ils ne sont qu'une seule poignée de médecins pour des dizaines de cas. C'est ce que tu dis, hein ?
Oui la musique te rappelle quelques airs des saisons de Kaamelott, tu sais, la dernière notamment, celle que tu ne peux pas blairer parce que c'est mal réalisé, pas drôle et "tellement, tellement en dessous" des précédentes saisons. Ben ouais, Astier fait tout, c'est pas du Desplat on est d'accord. Oui, allez, là tu vas me dire que Desplat, machin, il a fait la musique de Twilight. Allez, crache ce que tu peux sur ce pauvre Robert Pattinson sans défense.
Mais il y a tout de même un petit problème...
Si tu trouves Isabelle Adjani si froide, c'est que tu y es insensible. Comment expliquer, sinon, qu'elle me fasse autant rêver quand je la regarde, même refaite de partout ? Comment tu expliques que je puisse la trouver bonne au point de trouver sa prestation exceptionnelle ? Comment tu expliques, qu'à chaque phrase dans la première partie du film, elle m'a fait mourir de rire ? Suis-je un piètre cinéphile ou un amoureux du vide ? Pourquoi suis-je autant touché par ce qu'elle dégage dans la seconde partie ?
Tiens, ce texte, d'ailleurs. Astier fait du Astier, oui. Et De Palma fait du De Palma, Lynch fait du Lynch, ma mère fait toujours les mêmes putains de salades de pommes de terre et ça fait 23 ans que ça dure. C'est comme ça, c'est la vie, et c'est ce qui est bon chez ce génie. Cette faculté à garder son style, sa pertinence, son humour tranchant et à l'adapter à n'importe quelle plate-forme. C'est ça, le talent. Il y a bien longtemps que je n'avais pas autant apprécié un duo grâce à la teneur de leurs échanges.
Ils vont main dans la main retrouver son passé, à Hansen, une thérapie sauvage et complètement interdite par les méchants médecins. Et alors ? C'est cette transgression qui donne de l'intérêt au film, c'est justement le fait qu'il s'exile complètement, d'eux comme de sa famille qui donne de l'importance à leur relation. C'est grâce à ces facilités scénaristiques que le film se met si bien en place jusqu'à me conquérir, doux sensible que je suis. Oui c'est vite fait, bien fait, mais le film n'a pas la prétention de voler au-dessus des nids de coucous.
Puis la musique, oh la musique. Je ne l'entendais même pas. Ce que j'écoutais, dans ma tête, c'était plutôt une petite voix qui me disait : regarde, regarde comme Astier est un grand monsieur, il fait tout, crée tout, et toi tu l'admires, car c'est ton gourou et qu'il sait charmer ton cœur par tous les talents dont il dispose. Alors, oui. Sa musique, je l'adore. Elle est toujours bien amenée, toujours sobre, toujours belle.
Au final, le cinéma est une affaire de goût, ça ne se discute pas. Si j'ai mis en avant les points négatifs, c'était pour mieux les contrer, comme le fait Eminem dans 8 Mile (ça va on a tous nos faiblesses arrêtez de me juger). L'important c'est de respecter l'avis de l'autre. Toujours. Et d'être mesuré. C'est important la mesure. Il faut garder de la distance avec les acteurs sinon comment être cohérent dans son propos ?
Sur ce, je vais me faire faire un petit tatouage sur la fesse droite.
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Au plaisir.