De ce film je ne retiendrai sans doute que le rôle de Bruno Cremer assez déjanté... Faut dire qu'il en tient une couche à faire du tir dans son appartement, à se passer des lois... Mais après le reste je sais pas trop... On n'est clairement pas dans la réalité, je veux dire par là qu'on n'est pas dans un film naturaliste, c'est un environnement urbain assez fantasmé avec ses gangs, ses hors la loi, ses jeunes qui zonent, qui emmerdent le monde, qui volent des mobylettes... Mais où tout est décuplé... le bordel en classe, l'attitude des enfants, des parents... Faut réussir à rentrer dans cet univers qui quelque part est quand même assez lourd en symboles.
Et ces symboles ne me plaisent pas, l'oiseau, la femme à poil... je trouve ça plus lourd que beau, sauf que peut-être dans le plan final où c'est juste évoqué.
Ce qui m'empêche de rentrer vraiment dans le film c'est les réactions des gens, ça ne réagit pas comme ça dans la vraie vie un jeune, même s'il y a un fond de vérité dans ce que raconte Brisseau. Du coup une fois qu'on a compris la logique jusqu'auboutiste de Brisseau on n'est plus réellement surpris, tout s'enchaîne de façon un peu mécanique.
En fait ce qui flingue un peu le film c'est qu'il ne s'intéresse pas au vrai, on est toujours dans ce fantasme, la relation avec le prof, le père complètement taré et son discours sur le salariat qu'il compare avec de l'esclavage (ce qui n'est pas faux en même temps), le frère qui veut être salarié et avoir sa petite vie bien rangée.
En fait le héros a le choix entre la voie dictée par la maîtresse, celle de petit voyou dictée par son pote et son truc spirituel à deux balles... Et la seule qui me semble un temps soit peu vraie c'est celle avec la maîtresse, mais c'est flingué par une relation étrange... Je ne suis pas contre l'ambigüité de leur relation, mais le traitement est trop dans la rêverie, comme tout le film en fait... Je sors de ça j'ai juste vu un film avec des beaux tarés qui en font des caisses jusqu'à l'autodestruction.
Le pire dans tout ça c'est que je ne trouve même pas les scènes de nu belles, ça m'évoque juste rien, c'est même pas intrigant tant le reste du film est déjà un beau bordel.
Je suppose que si on adhère à la vision fantasmée de l'adolescence, de la banlieue que décrit Brisseau on peut adorer, mais ce n'est pas mon cas... Il y a un moment, où même dans le fantasme il me fait de la vérité dans les rapports humain, un peu d'invisible au lieu de plomber le tout avec des symboles grossiers.
Je suis assez déçu, sans que le film soit déplaisant, il y a des moments marrants et sympas... comme la rencontre entre Cremer et l'assistante sociale, mais c'est à l'image du reste du film : trop. Faut que je puisse y croire outre le côté marrant d'aller tabasser des gens et faire du tir tout en insultant la prof... Ce que ne fait pas ce film.
Toute cette lourdeur m'empêche d'être ému.
Après le titre annonçait ça, en citant Shakespeare...