Ali, immigré turc en Allemagne, tue par accident une prostituée, Yeter. Il est emprisonné. Nejat, le fils d'Ali, part en Turquie à la recherche d'Ayten, la fille de Yeter. Or Ayten, militante kurde, doit fuir la Turquie et part en Allemagne rechercher sa mère, qu'elle croit vendeuse de chaussures.
Malgré quelques maladresses (comme là scène où Ayten et Lotte sont en boîte de nuit), ce film montre beaucoup de sensibilité et d'intelligence, y compris dans tout un jeu très intéressant de non-dits. Les parallèles entre Nejat et Ayten mettent l'accent sur le problème de l'identité culturelle et de l'appartenance à une nation, mais sans tomber dans les travers du film intello ou militant. Pas de dialogues qui cachent de grands débats ou de lourdes explications, mais un film qui coule tout seul, un drame au rythme maîtrisé.
Nous avons donc le thème de l'identité culturelle. A travers des immigrés, le cinéaste dresse le portrait de personnages qui ne sont plus vraiment chez eux nulle part.Nejat, fils d'un Turc, universitaire en Allemagne, arrive en Turquie et découvre des choses sur ce pays d'origine. Mais est-ce vraiment son pays ? Vite déboussolé, il se dirige vers une librairie allemande, comme pour se plonger dans un monde connu et rassurant. A l'inverse, le libraire allemand, qui vit à Istanbul depuis 10 ans, ne rêve que de retourner au pays.
Le film propose aussi une belle représentation des relations parents-enfants. En effet, chaque enfant agit un peu contre ses parents. Lotte s'engage contre l'apathie de sa mère : le discours engagé de la fille s'oppose au refrain maternel "avec l'Europe tout s'arrangera". Nejat retourne vivre en Turquie en abandonnant son père dans les prisons allemandes et en tournant le dos à une situation enviable en Europe.
Plongée en soi, recherche des racines, retour à la vie et à la jeunesse, un film riche et intelligent mais qui sait se faire discret et ne jamais forcer le trait. Une belle réalisation, subtile. Pas totalement exempt de défauts.