De l'autre côté par klauskinski
Quatre ans après le bruit et la fureur d'Head on, Fatih Akin, réalisateur allemand surdoué, nous revient avec De l'autre côté, magnifique ode à la vie. Le film se présente d'abord comme une équation assez simple: 3 personnages présents à l'image, un père et son fils, plus une femme; le quatrième, celui qui manque, est la fille de la dernière. Ce postulat parait bien conceptuel, pourtant le réalisateur s'appuiera toujours dessus, ''échangeant'' un personnage contre un autre, en éliminant un pour le remplacer, au gré de complexes allers-retours entre Allemagne et Turquie (l'autre côté). Le film, moderne, européen, où l'on passe sans problèmes d'une langue à une autre, reviendra en effet toujours à une forme d'équilibre. Procédant par larges cercles, Akin va bâtir sur cette ligne narrative à la fois limpide et d'une infinie richesse une réflexion personnelle sur les thèmes de la filiation, du retour aux racines, de l'intégration. Il efface peu à peu toute notion de nationalité pour nous donner à voir des personnages évoluant dans un monde totalement interconnecté, personnages que leurs histoires respectives rendent incroyablement vivants et proches de nous. Chacun frôle ce qu'il cherche, voit sa quête personnelle se heurter aux péripéties et coïncidences de la vie. Akin, pourtant, ne cède jamais ni à la facilité des clichés exotiques ou bien-pensants ni à celle des conventions du film choral, et sa mise en scène s'avère tout à la fois d'une maîtrise stupéfiante et d'une grâce infinie. De l'autre côté, bouleversant d'humanité et foisonnant de vie, film finalement optimiste et apaisé, peut-être le meilleur sorti sur les écrans français en 2007, le propulse en tout cas définitivement au sommet de la planète cinéma.
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