De l'autre côté par Alligator
Vu en 2007:
Avant première au ciné Diagonal Comédie à Montpellier.
Le film qui dure deux heures m'a semblé compter une demi-heure de plus, facile. La structure en trois parties, si sur le papier pouvait paraître cohérente, n'en demeure pas moins extrêmement lourde sur la pellicule. Combien de scènes n'apportant pas grand chose à l'histoire retirent au film une harmonie ou une assonance qui l'aurait sauvé?
Très littéraire, l'histoire est un peu trop démonstrative parfois. La caméra insiste trop lourdement sur les frôlements de l'histoire. Les caresses résistent. Le trait grossit. Notamment quand les personnages qui se cherchent se croisent sans le savoir. Notamment quand les personnages perdent le sens de leur relation. Surtout quand l'histoire ne nous souffle plus mais nous hurle sa justification, sa légitimité, son discours. L'Allemagne sacrifie son enfant à la Turquie, la Turquie sacrifie son enfant à l'Allemagne. L'échange de sacrifice (Ibrahim/Abraham) est lourdement pointé du doigt de la caméra et des mots. Manque de doigté justement dans la trame scénaristique comme dans la mise en scène. Quasi didactique. Grossière. Et on dirait qu'Akin passe son temps à remplir le sien et le notre, tout le temps du film à noyer ce discours dans des pauses, des temporalités arrêtées, une sorte de stase attentiste. Deux heures pour si peu.
Alors si je devais souligner quelque chose qui m'a ému plus que l'histoire en elle même, c'est le jeu à l'économie (d'autres diront sûrement à l'avarice) de Baki Davrak, un Buster Keaton germano-turc que j'espère revoir dans un rôle moins porté à l'impassibilité.