Comme tout film historique, De l’autre côté du mur doit commencer par opérer un choix : sous quel angle restituer la période qui l’intéresse. Pour évoquer le Berlin de 1975 et le passage d’une mère accompagnée de son enfant de la RDA à l’Ouest, c’est sur les individus que décide de se pencher Christian Schwochow. Rivée à son personnage, la caméra fait dans un premier temps des embardées assez vaines, soulignant avec un peu trop de zèle son désir de s’inscrire dans un regard naturaliste, avant de s’apaiser pour laisser la possibilité à un véritable récit d’émerger.
Son intelligence réside dans la capacité qu’a le réalisateur à concilier fond et forme : dans ce climat paranoïaque de la guerre froide, les exilés de l’Est sont avant tout des espions potentiels, et leur attachement à ce qui fut leur patrie est toujours suspecte. Saturé d’ellipses et de non-dits, le film progresse en nous perdant. Les personnages secondaires comme la principale, subtilement incarnée par Jördis Triebel, sont avant tout opaques : attachés à ce désir d’intégration, déchirés ou mystérieux, on ne sait pendant longtemps déterminer s’ils sont les victimes d’un système ou les pions consentant d’une nébuleuse illisible. C’est là tout le charme vénéneux du film, dans lequel la survie passe par l’exploitation de l’autre ou la défiance, et où le surgissement d’un attachement, d’une complicité semble faire vaciller les individus pour en révéler brièvement les dernières traces d’une humanité abimée par l’Histoire.


Car s’il se pose comme un possible thriller d’espionnage, ménageant la possibilité de twists, De l’autre côté du mur en joue habilement pour désactiver ces pistes au profit d’un regard d’une grande empathie. Ce qui compte, c’est le deuil et la vie, le passé qui ne passe pas, et l’avenir qu’on aimerait voir serein. Le regard d’un enfant et la confiance, après les années de Stasi, qu’on peut éventuellement renouveler. En ce sens, passer de l’autre côté du mur ne se fait pas sans encombre, et c’est cette délivrance, ce délestage des briques traumatiques que restitue ce film délicat et sensible.

Sergent_Pepper
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le 7 oct. 2015

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Sergent_Pepper

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