De l'eau dans la face à Pattinson pour le secouer un peu.
"De l'eau pour les éléphants" est un film avec un bon potentiel bien mal utilisé. Jacob, en passe de devenir vétérinaire, voit sa vie basculer quand il apprend la mort de ses parents, son unique famille. Il quitte alors l'environnement qu'il connaît depuis toujours et s'en va. En chemin il croise la route, ou plutôt la voie ferrée du cirque Benzini, et à force d'un peu de volonté, parvient à se faire embaucher par Auguste, grand maître à bord. Le patron est hélàs marié à Marlene, écuyère dont le numéro est l'attraction principale du cirque et dont Jacob va tomber amoureux.
L'histoire en elle-même est très simple, et l'intrigue est bien gentillette certes. Cependant, entre les mains d'un bon réalisateur, qui l'aurait prise avec plus de finesse et sous un angle moins attendu que l'histoire d'amour seule, le film aurait véritablement pu être meilleur. Ici, on regrette donc que les deux heures du film soient seulement consacrées à l'idylle entre Pattinson et Witherspoon, d'ailleurs assez laborieuse.
Le film manque cruellement de souffle. Cette ambiance particulière que l'on s'attend à retrouver dans ce cirque lui fait défaut ; on nous la promet pourtant et on ne la voit - à notre grande déception - que trop peu. Ils avaient pourtant les bons décors, et les bons costumes.
Il manque de la profondeur au scénario, en plus de la finesse. Je ne veux pas dire par là qu'il aurait fallu quelque chose de plus compliqué (on peut faire simple et beau), mais seulement quelque chose de plus poussé. Creuser le sujet à fond, en d'autres termes.
La réalisation est linéaire, sans inventivité, pas moche non plus - la lumière est plutôt jolie - mais pas au point d'attirer l'attention du spectateur. Je n'ai pas aimé l'utilisation des titres de chansons suggestifs (exemple : "Je dois avouer que je suis amoureux de vous" "Pardon ?" "C'est le titre de la chanson."). On a vu plus inspiré, d'autant plus que ça revient une seconde fois.
Un point qui m'a vraiment dérangée pendant la projection : c'est la façon dont sont représentés les personnages, tous grossièrement caractérisés - et identifiables en deux regards. Le méchant est très méchant, le gentil très gentil, etc. Finesse, vous dis-je !
Je jure avoir été à la séance en ayant chassé Twilight de mon esprit. Robert Pattinson disait, à propos de ce nouveau rôle, qu'il souhaitait être là où on ne l'attendait pas. Mis à part une scène où il se retrouve maquillé en clown, c'est plutôt attendu, malheureusement.
À part un rire niais très mal approprié dans la quasi totalité des scènes et cet air de chien battu dès que quelqu'un lui adresse la parole, je n'ai pas remarqué grand chose de lui.
Christoph Waltz aurait eu beau jouer comme un pied, à côté de lui, il aurait pu viser l'Oscar. Mais il est plus intelligent que ça, hein. Je regrette néanmoins ne pas avoir revu cet éclair de génie remarqué dans Inglourious Basterds, même si son jeu me plaît toujours beaucoup. Il était d'ailleurs un des seuls acteurs du film, et le seul des trois principaux, à avoir l'air à l'aise dans sa façon de jouer.
Quant à Reese Witherspoon, malgré un rôle important, elle est assez effacée. Mais tout le monde ne peut pas avoir une présence digne de ce nom.
En conclusion, un scénario qui aurait mérité plus d'aboutissement, plus de nervosité, un réalisateur qui aurait dû avoir plus d'idées, deux acteurs dont on aurait pu se passer et des décors et des costumes beaux mais mal exploités. Un mot pour résumer : dommage.