Blonde au large sourire et aux jambes fuselées, Goldie possède toutes les épithètes communément associées aux femmes mannequins des années 70. Cependant, ce n’est pas dans les pages « mode » des magazines féminins que celle-ci impose son physique hors du commun, mais sur les pistes d’athlétisme. Dès le générique d’ouverture, dans cette salle à la blancheur clinique, la jeune athlète nous est présentée telle une machine dont l’on teste les performances, une bête de laboratoire dont l’on mesure les variables. Vitesse. Accélération. Temps et qualité de réponse aux interviews. Aucun paramètre n’est négligé par son staff qui la surnomme déjà Goldengirl en référence à son objectif de médaille d’or aux prochains Jeux Olympiques de Moscou. De même, la sélection de cette ancienne reine de beauté et égérie publicitaire Susan Anton pour interpréter cette future championne ne relève pas du hasard mais de l’évidence tant son expérience des podiums et des flashs vient judicieusement soutenir la vérité de son personnage.


Goldie est donc la parfaite créature de Frankenstein, façonnée grâce aux investisseurs et agents gravitant autour et exploitant son talent à des fins économiques et commerciales. Mais qui dit créature, dit créateur. Et ce dernier n’est autre que son père adoptif, le docteur William Serafin, dont l’interprétation est ici confiée au bon soin de Curd Jurgens. Ce dernier, après avoir joué le diabolique armateur Karl Stromberg chez James Bond, interprète donc ce scientifique paternaliste cherchant à faire éclater sur la scène internationale ses théories sur la race supérieure. Malheureusement, le spectateur n’en saura pas davantage sur les encombrantes origines de ce savant aux conceptions vaguement national socialiste. L’horizon paranoïaque qu’incarnait ce personnage est ainsi sèchement remisé au vestiaire, laissant la critique d’un milieu sportif corrompu par le capital constituer seule la ligne d’arrivée du film.


Entre récit sportif (citons la présence au générique du compositeur de Rocky, Bill Conti) et science-fiction (la participation de la délégation américaine aux JO de Moscou relevant ici de la pure uchronie), De l’or au bout de la piste, production télévisuelle dont le boycott précipité des compétitions olympiques par les États-Unis a contrarié sa diffusion sur la chaîne NBC, est un film qui manque incontestablement de punch et d’élan, mais heureusement pas d’intérêt.

2flicsamiami
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le 3 oct. 2024

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