Malgré son sujet fort, ‘De nos frères blessés’ se révèle être un film très bancal, raté dans sa partie sentimentale, plus percutant dans sa partie politique. Le film souffre également d’une mise en scène peu inspirée et d’une interprétation un peu faible.
Dans les années 50, Hélène et Fernand tombent amoureux. Avec lui elle part pour Alger, découvre sa beauté et l’attachement que Fernand porte à son pays. Alors que l’Algérie réclame son indépendance, leur vie bascule. Fernand se lance dans les actions anti-françaises et fini arrêté dans son usine, accusé d'avoir posé une bombe. Sa femme Hélène est désormais mariée à un traître, mais elle refuse d'abandonner Fernand à son sort.
Le film entrelace une intrigue sentimentale, amoureuse et une intrigue purement politique. Disons-le clairement, j’ai trouvé la partie sentimentale d’une fadeur absolue. La scène d’amour est assez consternante avec des répliques navrantes du type ‘Je passe ma main sur ta ceinture’. Le couple ne marche pas très bien. Il n’y a pas beaucoup d’alchimie entre Vicky Krieps et Vincent Lacoste. Il ne suffit pas de montrer un couple passer son temps à s’embrasser pour montrer qu’ils s’aiment. Tout cela est assez superficiel.
En revanche, j’ai trouvé la partie politique plus réussie car plus maîtrisée. Dès que l’on suit Fernand dans ses engagements, cela marche mieux. On est dans du bon Yves Boisset. Ce réalisateur souvent méprisé auteur d’œuvres coup de poing et efficaces (Espion lève-toi, Le Juge Fayard dit Le Shériff) semble avoir beaucoup d’héritier aujourd’hui. Car entre Yann Gozlan, Frédéric Tellier, Thierry de Peretti et maintenant Hélier Cisterne, nombre de cinéastes font des films chocs sur des sujets politiques. La guerre d’indépendance pour l’Algérie n’en fait pas exception. J’ai le souvenir d’un mauvais film ‘Des hommes’ de Lucas Belvaux, sur les traumatismes des anciens soldats français ayant combattu en Algérie. Ici, c’est plus réussi. On voit les discriminations que subissent les algériens par rapport aux français sur place. Ils sont aux yeux des autorités tous suspects et font l’objet de nombreux contrôles au faciès. Les scènes d’interrogatoires et de tribunaux montrent bien qu’être un sympathisant à la cause de l’Algérie est suspect.
Côté réalisation, le metteur en scène est hélas aux abonnés absents. Le film n’est pas extrêmement bien filmé. Par exemple, Cisterne échoue a rendre la fougue et la sensualité d’une danse entre les deux personnages. A peine, se contente-t-il de mouvements circulaires. Autre exemple, les scènes de tribunaux ne doivent leur intensité qu’à la gravité du sujet, mais certainement pas grâce au filmage et au montage. Hélier Cisterne fait le choix d’enchâsser les deux intrigues, comme s’il avait peur de faire un film linéaire. Bien que cela n’empêche la vision du film, ça n’a rien de virtuose.
Vicky Krieps a beaucoup de charme et fait preuve d’une vraie justesse dans le rôle de l’épouse désemparée face aux actions de son mari. En revanche, j’ai eu un vrai problème avec Vincent Lacoste. C’est un bon comédien, notamment dans le récent ‘Illusion perdues. Mais là, j’ai trouvé que son interprétation manquait de mystère, de profondeur. Quand le visage de son personnage exprime la colère face à l’injustice que vit l’Algérie, je ne vois rien que la difficulté de Lacoste à exprimer des sentiments profonds.