"Oh rassurez-vous, je ne ferais pas de mal à une mouche" "Sauf si elle a un pénis !"
"J'étais avec une fille l'autre nuit, j'avais pris du viagra et elle en a perdu des dents"
"Personne ne peut m'enculer sans devoir en subir les conséquences"
Film dégénéré. Rappelez-vous du petit sketch dans Tueurs Nés, pervertissant les soap en explicitant toute l'horreur qui aurait constituée le non-dit d'un drame familial. Le bonhomme alcoolique, mari bourreau et père incestueux était Rodney Dangerfield, avec sa tronche si prodigieusement folklorique, dont la laideur pittoresque balaye les efforts d'un Jean Roucas.
Sans lui, le film serait assez ennuyant, car il lui donne tout son relief. On le retrouve ici dans son dernier rôle, quelques mois avant sa mort (2004). Il incarne Jake Puloski, un directeur de prison. Mais une gentille prison, sans vrais méchants, seulement des petits voyous qui dans le pire des cas on fait de mauvais choix. On s'attend à un centre aéré : erreur, l'intrigue n'est pas là. Le contrat de Jake n'a pas été renouvelé et il va s'appuyer sur quatre prisonniers pour mener un plan contre son richissime patron, reprendre la prison et en faire un club social pour criminels.
On s'en fait une idée. Mais c'est au-delà. Peu importe ce qu'elle est, Back to Midnight est au-delà, au-delà du nanar commun, au-delà de l'univers de Vincent Lagaff. Pour situer, le Bigdil est un reportage ordinaire et vaguement plombant asséné par le service public dans ce monde-là. Peu de bruitages et d'artifices cependant, tout est dans le scénario et les performances d'acteurs.
Par exemple, un type, Oreille, a d'immenses oreilles en plastique ; un autre est surnommé Débile et honore son titre. L'humour est du niveau des bande-annonce Adam Sandler dans South Park. C'est un film d'une beaufitude si accomplie qu'elle en vient à s'auto-parodier. Et la VF vient souligner le tout. C'est la clé du film ; il joue à fond chaque note, dans chaque détail, alors qu'initialement elle est déjà obscène et idiote. Pas de simples répliques nulles par exemple. Non, ce film n'est pas fabriqué par des gens dépourvus de talent, il est directement démoulé par une bande de potaches désinhibés au dernier degré. C'est vulgaire et moche au possible, on se croirait dans un monde régi par les lois des Deschiens.
Tous ces films minables comme Les Tuche ou Boule & Bill consternent toujours par leur médiocrité, leur absence d'inspiration, la brutalité et les facilités de leur écriture. Mais un film comme celui-ci les dépasse, car il ne prend pas de gants et va droit à la bêtise pure. En un sens, il est plus réussi qu'eux. Car on éprouve une plus grande tolérance pour une calamité pareille destinée aux bacs à zedderies absurdes ; que pour des productions à vocation comiques présentées avec une certaine emphase ou mobilisant les moyens d'un film normal. D'un point de vue technique, la mise en scène est télévisuelle, avec quelques plans dégueulasses, en particulier des plongées ou contre-plongées sur le propriétaire. Notons aussi la présence d'un guest annonçant Le Singe Funky, production suivante de Harry Basil, sans son acteur fétiche décédé dans la foulée.
Il faut donc regarder De retour pour minuit en espérant voir repoussées les limites de la beaufitude, parce que c'est son job, qu'il l'annonce cash et que cette attitude là, si elle ne le récupère en rien, le rend au moins humble et honnête, jouant dans son pré-carré. Par conséquent, De retour pour minuit est bien une sorte de gros déluge d'humour gras, de burlesque pachydermique, de gags sur le sexe et même zoophiles, puis naturellement de vannes scato en folie (avec un gros pet dès la quatrième minute – et, il faut bien l'avouer, peu par la suite). Il tient ses promesses. Le pire sera là. Le problème... c'est qu'on en prend pour 89 minutes. Beaucoup trop par rapport à la simple jouissance d'avoir trouvé une épave de cette ampleur. Mais ça en vaut la peine !
https://zogarok.wordpress.com/2014/02/24/de-retour-pour-minuit/