On passe le synopsis, vous l'avez forcément entendu ou lu quelque part.
On passe sur la présentation de Jacques Audiard.
On commence légèrement avec le fait que Marion Cottilard a enfin un rôle intéressant, qui lui permet de briller et de (me) convaincre totalement.
On insiste à fond sur le fait que Matthias Shoenaerts n'est pas une révélation, il est la confirmation de son talent après le choc Bullhead.

Que le cinéma est beau parfois, même quand tout y est moche, les contrastes superbes adoucissent les horreurs et amplifient les petits bonheurs de l'espoir. Ces gens du nord, fauchés, paumés, déjà marqués par la misère se retrouvent sur les plages lumineuses de la Côte d'Azur, une fausse illusion de vacances heureuses, impossible de ne pas fixer cette mer bleue sans arrêt, de s'y "bâquer" autant que possible, en plus la tante caissière élèvent des chiots et a plein de yaourts et de gâteaux, pour le fils de Ali c'est un nouveau monde très accueillant en comparaison. Dommage que papa ne sente plus rien. Un bloc de pierre, une force de la nature, un morceau de viande qui ne manifeste aucune émotion, le coeur est atrophié tandis que le corps s'exprime dans chaque mouvement.
Comme toujours, une rencontre.
Une jeune femme, mince et séduisante, sûrement fragile, qui fait danser des autobus dans une piscine. Le corps est l'outil de travail pour diriger les orques et l'outil de séduction pour attirer tous les regards des hommes, le coeur lui ne fonctionne pas trop.. à quoi bon. La tête ne suit pas tellement plus, blasée, frustrée. Un premier bref contact avec Ali fera naître des questionnements, un gros contact avec Willy dans la piscine détruira sa vie.. à moins que.
Le film se construit donc sur la relation complexe entre ces 2 personnages en marge, qui tient plus d'une relation de confiance plutôt que toute idée préconçue de l'amour, toutefois l'ombre de celui ci plane..
Relation de confiance, et surtout relation charnelle, le langage des corps fonctionne à plein régime tout en évitant les embûches faciles de la vulgarité et du pathos.
On pourrait en dire plus, beaucoup plus, mais c'est déjà trop en dire.
Une histoire d'effondrement et de reconstruction, de destruction et d'effondrement, c'est selon, le tout implanté dans un cadre de réflexion sociale pas du tout hors sujet, bref, Audiard est repassé par ici et remet le monde a ses pieds.
Superbe.

Woopo
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le 18 mai 2012

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Woopo

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