Pas le meilleur Audiard, mais malgré tout largement meilleur qu'une grande majorité de productions f

J'aime beaucoup Audiard. Chacune de ses sorties me rend impatient. Ses films ne sont pas des films faciles, ils se méritent. Tous ne m'ont pas mis une claque; un Prophète m'avait été un peu pénible, mais je sais à chaque fois que je vais voir un film qui dit des choses. Audiard, il fait des films sur des gens qui se trouvent. Qui se trouvent l'un l'autre (Sur mes lèvres), qui se trouvent tout seul (Un Prophète), qui se (re)trouvent (De battre...).

Là, à nouveau, c'est un film sur deux personnes qui se trouvent mais qui ne le savent pas. Le thème, ici, c'est celui du grand écart social : le galérien et la princesse, avec le développement assez prévisible qui s'ensuit. La princesse chute, elle se retrouve au niveau du galérien, qui lui redonne goût à la vie - aux choses grégaires de la vie. L'animalité. Elle, elle lui fait (timidement) son éducation sentimentale. Bref.

On retrouve les thèmes déjà traités dans Sur mes lèvres : solitude, misère sociale, handicap, animalité, et recherche de chaleur humaine qui devient amour.

Avec, comme l'a fait remarquer quelqu'un dans une critique que j'ai lu, l'opposition "destruction / reconstruction". Encore que le personnage de Ali ne soit pas tout à fait dans la destruction, plutôt l'absence de construction, mais passons.

En résulte un film qui se laisse regarder, pas désagréable, beaucoup plus doux que ce que peut faire Audiard habituellement, à mille lieux de la dureté de Sur mes lèvres, mais qui ne bouleverse pas non plus. Certains passages sont même un peu (beaucoup) lourds (j'avais jamais trouvé Audiard lourd avant, c'est bizarre), notamment quand Audiard se laisse aller à faire son Audiard - ses habituels jeux de profondeur de champ, ici complètement gratuits, les travelings sur ombres chinoises, super incongrus, on se demande pourquoi; tout ces effets n'ont pas la folle élégance qu'ils pouvaient avoir dans Sur mes lèvres.

Le traitement du sujet de la paternité difficile, complètement raté, c'est limite du remplissage tellement les passages avec le gamin n'apportent rien et ne véhiculent que peu d'émotion.

Mais à côté de ça, quelques passages un peu touchants aussi : le show avec les orques et la symbiose qu'elle peut avoir avec eux / avec son métier. La première plage. Le coup de fil à la fin. Mon côté fleur bleue.

En résumé, pas le meilleur Audiard, mais de loin pas le pire des films français qu'on puisse voir (en cela, Audiard se distingue quand même : même quand il loupe un peu son coup sur un film, il reste un cran au dessus d'autres réalisateurs qui eux parviennent à faire de vraies merdes honteuses).

Je cite un passage lu dans une autre critique, que je plussoie totalement :
http://www.senscritique.com/film/de-rouille-et-d-os/1391326771141622/critique/ceesnipes/

"De plus, Jacques Audiard réalise quatre films au lieu d'un et n'en approfondit aucun : un film sur la paternité, sur les combats de rue, sur le handicap et sur la crise. Aucun ne va jusqu'au bout des choses et seuls le drame social et le mélodrame sont intéressants. [...] sur la paternité, le film est cousu de fil blanc, la scène du lac glacé en particulier. De Rouille et d'Os n'est donc clairement pas le chef d'œuvre que tout le monde s'attendait de voir, mais reste un film globalement plus réussi que la moyenne. "

=> Absolument d'accord.

Pas de quoi vomir, pas de quoi s'indigner, pas de quoi renier Audiard, mais pas de quoi s'extasier non plus sur ce coup-là. Sorry, dieu sait que j'aime m'extasier sur Audiard. La prochaine fois ?
BaTistou
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le 28 mai 2012

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BaTistou

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