C'est l'histoire de Nassim, un lycéen de dix-sept ans. Il a le look d'un étudiant à Montmartre, a des amis d'apparence bourgeoise, va en cours. Pourtant, dans l'ombre, il n'est pas un adolescent comme les autres: vivant seul avec une mère dépressive et malade, il porte un lourd fardeau.
Pour la première fois de sa vie, il va jouer la normalité jusqu'au bout en partant en week-end avec ses amis. La seule fois, et la fois de trop. A son retour, plus rien ne sera pareil.
Désormais seul au monde, Nassim est transféré dans un foyer. Les autres jeunes sont comme on peut se le représenter: brutes, braillards, bagarreurs, inquiétants. Nassim les évite, ne veut tisser aucun lien avec eux, et se réfugie dans le mensonge: ses amis du lycée ne doivent absolument rien savoir.
Mais le pot-aux-roses ne va pas tarder à être révélé, et les deux vies parallèles de l'adolescent vont se rencontrer. Sont-elles compatibles? Le jeune homme va devoir affronter ses démons et la partie la plus obscure de lui-même. Il va aussi se rapprocher de ses compagnons d'infortune, et nous allons découvrir une étincelle d'humanité dans ce lieu désespéré.
Le côté attendrissant et drôle de ces frères de galère et l'immense bonté de la directrice du centre ne parviendront pas, toutefois, à gommer la vérité cruelle et injuste: comme le prouve par exemple cette jeune fille travaillant comme une folle pour son concours de médecine, et qui devra finalement abandonner, faute de financement.
J'ai trouvée particulièrement poignante la scène où Nassim va lui rendre visite à l'hôpital après qu'elle se soit défenestrée. Il lui offre des livres en la sommant de ne pas abandonner, la fait rire... mais elle fond en larmes dès qu'il a refermé la porte derrière lui.
Ainsi que la scène, si joliment exploitée, où le petit groupe de garçons désormais soudé décide d'anéantir une bonne fois pour toutes le poids des "dossiers", censés les suivre toute leur vie...
Un film plein de pudeur dans l'émotion, de poésie, d'amertume et de beauté.