Pardonnez-moi pour ce jeu de mot douteux et laissez-moi justifier cette impression mitigée. "De toutes nos forces" est un film au propos fort, c'est indéniable ; oui, mais ça ne suffit pas pour en faire un film. Court (1h30), le film en arrive pourtant à être assez vide. Et pour cause : un père prépare l'Iron Man avec son fils, et c'est à peu près tout.

Il est impossible de tenir 1h30 avec cela. Le réalisateur, sentant bien qu'il a là une idée sympa mais qui en pratique fait pschit, tente d'explorer d'autres pistes. Aucune, hélas, ne le sera suffisamment pour se montrer digne d'intérêt. La relation père-fils compliquée est traitée de manière très binaire, père jamais là pour son fils - père prêt à tout et tout va bien. Certaines scènes peinent à justifier leur présence (exemple de celle du restaurant pour les 18 ans du garçon).

Le vide ressenti n'apparaît comblé ni au niveau de l'émotion (et pourtant, avec un sujet pareil, le réalisateur aurait pu mettre le paquet là-dessus : à mon sens, il ne le fait pas) ni lorsque le cœur du sujet apparaît à l'écran. Les scènes d'entraînement sont trop peu nombreuses et absolument pas mises en valeur (merde, le mec prépare quand même l'Iron Man quoi !). Quant à la dernière partie du film consacrée à la course en elle-même, l'intention est bonne mais la réalisation bien plus médiocre. On ne ressent pas du tout les efforts surhumains (lorsque Gamblin s'arrête et parle, il n'est pas essoufflé ; merde, le mec court quand même l'Iron Man, quoi !).

Enfin, on reste étonné devant ces dernières scènes où l'on voit le chrono final (15h 43 min, quand le délai maxi est de 16 heures) puis le père et son fils dans ce que l'on suppose être le ou les deux derniers kilomètres de course. Et là, quoi ? Le père s'arrête, ce con. "Je ne peux pas continuer", qu'il dit sans aucun essoufflement dans la voix. "Rien à battre" pense le fiston qui s'en va seul en poussant son fauteuil. "Mais c'est vrai que je suis con, il reste dix minutes de course sur 16 heures !" se reprend le père qui se relève et accélère. En effet, dix minutes après, ils arrivent victorieux... j'ai rarement vu des défaillances dans le dernier kilomètre, mais enfin...

Un avis très mitigé. Le sujet traité apparaît comme intéressant tout en montrant, dès les premières minutes, ses potentielles limites. Le film se veut traiter de beaucoup (handicap, sport, famille, relation père-fils, etc.) mais ne traite au final de rien de tout ça en profondeur, ce qui pourra laisser au spectateur une impression assez désagréable de superficialité.
Deosvi
5
Écrit par

Créée

le 28 août 2014

Critique lue 932 fois

6 j'aime

1 commentaire

Deosvi

Écrit par

Critique lue 932 fois

6
1

D'autres avis sur De toutes nos forces

De toutes nos forces
badgone88
6

Convenu mais propre.

Jacques Gamblin, forcément on regarde. Le handicap, ça titille encore plus. Alors l'idée sur le papier est bonne, mais il faut bien avouer que son traitement à l'écran est assez convenu et peu...

le 28 août 2014

6 j'aime

5

De toutes nos forces
Deosvi
5

Ça marche moyen

Pardonnez-moi pour ce jeu de mot douteux et laissez-moi justifier cette impression mitigée. "De toutes nos forces" est un film au propos fort, c'est indéniable ; oui, mais ça ne suffit pas pour en...

le 28 août 2014

6 j'aime

1

De toutes nos forces
CatVertDeau
8

pas un film sur le handicap

Ce n'est absolument pas un film sur le handicap. Une famille dont le père est absent et la mère travaille et élève les enfants. La fille a quitté la maison et il reste le fils, handicapé moteur,...

le 18 nov. 2013

5 j'aime

Du même critique

Le Tout Nouveau Testament
Deosvi
5

Tromperie sur la marchandise ?

Ce qui m'a poussé au cinéma ? J'ai été intrigué en voyant et la bande-annonce et l'interview de Poelvoorde, acteur principal. L'une et l'autre donnent à voir le film comme une comédie axée sur Dieu,...

le 4 sept. 2015

15 j'aime

1

La Dynamique du capitalisme
Deosvi
7

Pourquoi ceux qui pensent se débarrasser du capitalisme demain se trompent

Fernand Braudel est, de ce que j'en ai lu, considéré comme l'un des plus grands historiens français, son apport majeur étant de cesser d'analyser un évènement en soi et de partir de la notion...

le 18 nov. 2013

10 j'aime

Blizzard (EP)
Deosvi
1

Les parisiens du XVIème, cette génération sacrifiée...

Assez.... On va s'asseoir tranquillement et remettre les choses en ordre... Fauve, qu'est-ce que c'est ? C'est "le phénomène de l'année 2013" ; mais oui ! Ils l'ont dit partout, tout le monde l'a...

le 23 sept. 2013

10 j'aime

1