Ce qui m'a poussé au cinéma ? J'ai été intrigué en voyant et la bande-annonce et l'interview de Poelvoorde, acteur principal. L'une et l'autre donnent à voir le film comme une comédie axée sur Dieu, ses actions et ses déboires lorsque par inadvertance sont révélées les dates de décès respectives de chaque habitant de la planète. Le pitch semblant sympathique, j'embarque.
A la sortie de la salle, c'est peu de le dire, je me sens floué. Non pas que le film soit, au fond, mauvais. Mais il n'est pas du tout ce qu'il s'annonçait et ce qu'on l'annonçait être. Ce film est loin d'être une comédie : il tente (et échoue plutôt) de l'être dans les 20 premières minutes. Après quoi il vire au film d'auteur, s'attache à explorer, sous des angles innocents et loufoques, le quotidien monotone, mais pas tant que ça, de personnes comme vous et moi.
En tant que film d'auteur, Le Tout Nouveau Testament paraît pas mal réussi. Il est une belle réflexion sur le quotidien et la vie, qu'il convient de mener du mieux qu'on le peut. Ça m'a assez fait penser à du Jean-Pierre Jeunet, avec la voix off, les réflexions enfantines et absurdes, les anecdotes et situations loufoques du quotidien. Le tout est plutôt bien mis en poésie, bien aidé par de belles musiques.
Oui mais voilà, quand on ne s'attend pas du tout à un film d'auteur, on est forcément dans un premier temps déçu de la tournure que prennent les événements. Le temps de comprendre ce qu'est ce film, une heure a passé, et le malaise s'est installé. Durant une heure j'ai perçu Le Tout Nouveau Testament comme raté, passant à côté de ses promesses ; la faute à une BA et des interviews des acteurs qui cherchent à cacher - pourquoi ? - ce que le film est réellement. Forcément, ça énerve.
Quelques exemples suffiront. Déjà, l'ensemble de la BA est contenu dans les 20 premières minutes du film. Ensuite, ni dans la BA ni dans l'interview de Poelvoorde il n'est fait mention de la petite fille qui est pourtant, en fait, le personnage principal. Pas plus qu'il n'est fait mention des 6 apôtres qu'elle se met en quête de rencontrer. Bref, on a volontairement omis de mentionner le cœur de ce qu'est ce film. Les têtes d'affiche (Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau - dont je ne souhaite d'ailleurs pas savoir le montant du chèque touché pour ses 3 répliques et 12 mots prononcés) donnent le sentiment de n'être là que pour permettre une plus large promotion au film. Les tentatives comiques tombent à l'eau. Et quand l'une fonctionne bien (le coup du jeune testant sa mort), erreur ! Le recours au running-gag ruine l'effet comique ; les 2 autres scènes tentatives de suicide donnent l'impression d'avoir été montées à l'arrache, n'importe où. Elles sortent de nulle part et sont tout aussitôt oubliées. Gênant.
Alors, pourquoi ce choix délibéré de ne faire allusion, ni dans la BA ni dans les interviews, à ce qu'est VRAIMENT ce film ?
J'ai peur de comprendre que la promotion d'un film en tant que film d'auteur débouche sur de moindres entrées en salles. J'ai peur de comprendre que l'axe des 20 premières minutes du film appâtera plus de spectateurs. Oui, mais ce n'est pas ça, le film, et il y aura donc de nombreux déçus. Ah, Benoît Poelvoorde, là, tu descends franchement dans mon estime.
Alors, quoi ? N'est-il pas normal que je me sente floué d'avoir payé ma place pour un film d'auteur, en soi pas mal, qu'on m'a vendu comme une comédie qu'il n'est pas ?