"Dieu leur pardonnera et les laissera aller aux cieux... moi je ne peux le permettre"

Ma dernière bonne grosse claque dans ma tronche! C'est bien simple, je viens de finir le visionnage il y a une bonne demi heure et j'ai encore la tête remplie de sentiments divers et de multiples réflexions (ce qui, pour un blond, n'est pas simple....). En clair, c'est bien le bordel dans ma tête!

Ca commence comme un film classique de vengeance, ça ne paye pas de mine. Sauf que là, on n'est pas chez Tarentino mais plus chez Peckinpah (toutes proportions gardées, bien sûr). La violence est sèche, crasse, aucun esthétisme ou "coolitude" revendiquée. Les truands n'ont rien de classe, ils sont pathétiques, bêtes, lâches. En un mot, ils sont terriblement humains et c'est ça qui fait peur!

Richard, l'anti-héro par excellence est interprété magistralement par Paddy Considine (mais comment ce mec n'a-t-il pas plus tourner de films? C'est honteux de ne pas l'utiliser plus que ça!). Il est tout aussi attachant qu'il nous fait peur et c'est ça qui me met mal à l'aise. On en arrive à se demander à la fin du film qui de Richard ou des truands sont les plus humains! Car si on y réfléchit bien, ces voyous sont bien plus de gros connards débiles et abrutis que véritablement violents. De toutes manières, l'homme au sein d'un groupe devient souvent cruel (on s'oppose rarement aux actions de "son" groupe souvent par lâcheté et c'est tellement facile de s'en prendre aux faibles quand on est plusieurs). Et pour Richard, si on peut comprendre l'état d'esprit qui l'anime, on ne peut cautionner l'ensemble de ses actes (juge et bourreau). Bref, tout ceci amène à se poser des questions et à se demander jusqu'où on peut aller (chacun de nous tracera la ligne à ne pas franchir selon son avis).

Tout ceci est renforcé par l'atmosphère du film. La campagne anglaise avec ses bourgs paumés ressemblant au trou du cul du monde, ou rien ne semble devoir se passer (et on peut souvent être surpris de ce qui s y passe réellement de temps en temps). Meadows filme ses protagonistes sans aucun jugement, à le façon d'un documentaire sans concessions. Les faits, rien que les faits! Un style sans chichis, âpre avec quelques défauts mineurs dans la mise en scène.
Et cerise sur le cheesecake, la bande son superbe est de Aphex Twin.

Donc, un film qui ne peut laisser insensible et qui en rebutera certainement un grand nombre. Dérangeant.....


Pour l'anecdote, le film est dédié à Martin Joseph Considine. Renseignements pris (merci Wiki!), il s'agit du père de Paddy qui avait demandé à son fils, avant de mourir, de tourner une nouvelle fois avec Meadows.
Kowalski

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

21
38

D'autres avis sur Dead Man's Shoes

Dead Man's Shoes
KingRabbit
3

Aux fans de Kingdom of heaven

Au début pourtant, j'ai y ai cru pendant une bonne petite vingtaine de minutes. Mais finalement, j'ai l'impression d'avoir vu un film de Luc Besson qui s'essayerait au drame. Au départ t'as des plans...

le 2 août 2015

12 j'aime

Dead Man's Shoes
tinalakiller
8

Des coups de pied dans la gueule

Le réalisateur Shane Meadows (surtout connu pour This is England en 2006) et l’acteur Paddy Considine (désormais aussi réalisateur) sont amis depuis l’université. Ils ont collaboré ensemble sur des...

le 27 mars 2018

8 j'aime

9

Dead Man's Shoes
MarlBourreau
7

O' Brother.

Ah la vengeance, en voilà un thème des plus sympathiques et ça tombe bien puisque c'est celui de Dead Man's Shoes. Richard est un militaire qui retourne dans sa petite ville natale d'Angleterre pour...

le 11 avr. 2014

8 j'aime

Du même critique

Charlie Hebdo
Kowalski
10

Vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde!

Les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un! Et un fois n'est pas coutume, je sors de ma réserve habituelle sur tout sujet concernant l'actualité politique et la marche du monde...

le 8 janv. 2015

137 j'aime

62

Pusher II - Du sang sur les mains
Kowalski
9

Tuer le père!

Deuxième volet de la trilogie, "Du sang sur les mains" arrive à se hisser au niveau de Pusher, ce qui n'était pas une mince affaire. Ce coup-ci, on suit Tony (oui oui, celui qui avait...

le 15 sept. 2012

82 j'aime

16

L'Inspecteur Harry
Kowalski
8

Scorpio , Harry, même combat?!

Le voilà donc, l'objet du délit! Ce film qui, bien aidé par la plume redoutable de la journaliste Pauline Kael, fait passer Eastwood de héros de l'ouest à jeune con violent, réac et même carrément...

le 8 mai 2013

80 j'aime

15