Dead Man Talking par Cinemaniaque
Quand on parle de cinéma belge, on pense souvent "films chiants", "discours social", "pas d'humour", "même acteurs tout le temps". Et on a raison. On a raison jusqu'à ce qu'un mec, Patrick Ridremont en l’occurrence, décide de faire du cinéma à sa façon : libre. Audacieux, le film l'est assurément : par son sujet, déjà ; par son postulat, ensuite ; par sa forme, enfin. Dead Man Talking, c'est de la comédie alliée au drame pur, c'est l'horreur qui frôle le sublime, c'est la mort qui côtoie la vie. Et pour un premier film, c'est franchement réussi comme travail d'équilibriste.
Homme de théâtre avant tout, Patrick Ridremont n'a pas su se détacher de cette influence : le dialogue prime sur l'action et ce sont bel et bien les comédiens qui sont les madriers du film. Bon geste : en travaillant autant sur l'écriture et en s'entourant de comédiens confirmés (Berléand bien sûr mais aussi Denis Mpunga et l'ensemble du casting), Patrick Ridremont a su consolider les bases de son projet de manière plus que solide.
Évidemment, le film n'est pas exempt de défauts, notamment dans l'utilisation de la musique, de quelques raccourcis faciles et de zones d'ombres qui méritaient d'être développées. Mais Dead Man Talking est un film imparfait qui s'assume, et qui compense ses travers par une audace de tous les instants, dans son ambiance glauque et à l'américaine, dans ce soin apporté à la (magnifique) photo du film et dans le courage de tout déléguer aux comédiens. Si Dead Man Talking est très théâtral, c'est dans le bon sens du terme, car il ne renie pas la cinématographie pour autant.
Véritable surprise, Dead Man Talking vient de prouver la naissance d'un futur grand. Du moins c'est tout le mal que l'on se souhaite.