Another breaking the wall

Toi, l'humain (ou le bot) qui n'a que ça à faire de lire tout et n'importe quoi sur le dernier film que tu as vu (ou plutôt le prochain film que tu as peur de voir), tout en flattant, par ton clic hasardeux, mon cyber-ego meurtri, je te souhaite le bonjour. Alors comme ça, tu voulais savoir ce que je pensais de Deadpool, hein ? J'espère que tu n'attends pas un avis dissident, sinon tu as frappé à la mauvaise porte. Oui, mon ami-e, Deadpool, c'était bien cool.

Dans le film, Wade Wilson apprend qu'il est cancéreux et accepte une opération dans un vieux hangar pourri qui lui donne la capacité de se régénérer. Ca résume très bien l'épopée du personnage au sein du X-Men Cinematic Universe. Le cancer, c'est X-Men Origins, avec sa représentation aseptisée du personnage, à qui par la suite on coud la bouche et confère des pouvoirs complètement random. Deadpool, c'est la régénération. Deadpool se la ramène et pas pour balancer des banalités. Deadpool te parle de sa vie antérieure, Deadpool te parle Marvel, Deadpool te parle de comment il va faire bobo... Et il ne fait pas dans la dentelle. C'est ce qu'on attendait bien de lui, après tout.

Tu penseras aussi à laisser ta resting bitch face de côté, aussi. Parce qu'en dehors des vannes qui tournent autour des X-Men, de Marvel et de Ryan Reynolds, et puis aussi de toutes celles qu'on a vu dans les trailers, il y a encore de quoi faire travailler tes zygomatiques. De l'humour référencé aux blagues de cul en passant par les vannes méta, il est quasi-inconcevable que tu ne trouves pas ton bonheur là-dedans, entre deux scènes d'action purement jouissives.

Je n'ai pas non plus envie que tu te fasses d'illusion. Ce que je t'écris là n'a pas pour but de nourrir ta hype. L'équipe marketing de la Fox t'a bien gavé-e en ce sens et trop peu de chiffres figuraient sur le chèque que j'ai reçu.

Parce que tout ça, c'est bien fun, mais le film a quelque peu oublié ce célèbre adage : « Un grand défouloir implique de grandes responsabilités ». Garder une certaine constance, pour que ton soufflé ne retombe pas, en fait partie. Spoilers : le milieu du film (en gros, de la mutation de Wade à l'enlèvement de Vanessa) ne colle pas du tout avec le reste. On retrouve des ressorts classiques du film de super-héros (l'acquisition non sans heurts des super-pouvoirs, le conflit avec l'antagoniste, la peur de confronter sa nouvelle vie avec sa vie sentimentale...), mais traitée d'une manière dramatique pas subtile pour un sou. Il y a bien le passage où Wilson va voir son ami barman qui remet un tant soit peu de l'ambiance mais pfiou... le Wade Wilson fraîchement défiguré est bien triste, et c'en est chiant.

Les X-Men présents ne servent à rien, si ce n'est à souligner le manque de budget. Le lien avec la saga des mutants devait être mentionné en interview, pas forcément affiché à l'écran. Il valait mieux ne pas avoir de X-Men du tout, plutôt que d'en avoir deux trouvés en soldes à Noz, sans caméo de Patrick Stewart en plus.

Que ça ne t'empêche pas, ceci dit, d'aller voir ce film si tu ne l'as pas vu, jeune scarabée, car Deadpool est dans le haut du panier des adaptations de comics et largement le meilleur film X-Men qu'il t'ait jamais été donné de voir. Et si tu l'as déjà vu... Qu'est-ce que tu attends que je te dise alors que tu as déjà ton avis tranché sur la question ? Sérieux...