Avant de rentrer dans le vif du sujet, je ne suis pas un aficionado de Marvel.
Il m'est bien arrivé de regarder un X-Men à l'occasion, mais ça s'arrête là. Je n'ai donc pas grandi là-dedans, n'ai jamais lu un seul des comics et n'ai pas une affinité particulière avec l'univers des super héros.


Ayant plutôt tendance à me méfier du battage médiatique qui peut entourer la sortie d'un film (que celui qui a dit Star Wars lève la main), je n'en attendais pas grand-chose. Par exemple, si l'on devait se pencher sur le pourcentage d'images liées à Deadpool sur 9gag, on tournerait probablement autour des 50%. Bon, j'exagère certainement mais c'est le ressenti qu'on peut avoir en faisant un tour sur l'appli, surtout pendant la période de la Saint-Valentin. Les puceaux de la Terre entière semblaient alors s'être donnés le mot pour faire de Deadpool l'événement intersidéral, pancosmique, paragalactique de l'année.
S'ils n'ont pas raison, ils n'ont pas tort pour autant.


Présenté comme un monument de subversion, il est important de dire d'emblée que c'est faux.
Aussi exécrable et inintéressant qu'il puisse être par ailleurs, Cannibal Holocaust est un film subversif.
Aussi drôle qu'il soit permis de l'être, C'est Arrivé Près De Chez Vous est un film subversif.
Aussi dérangeant que soit le point de vue choisi (et c'est là tout l'intérêt), The Devil's Rejects est un film subversif.
Deadpool a beau être caustique et décalé, il n'est en aucun cas subversif. Il ne met pas à mal nos repères ni ne remet en cause le système. A contrario, il use de tous ses codes même s'ils les brosse -un peu- dans le sens inverse du poil : la structure narrative est on ne peut plus classique, la morale est de mise, les gentils sont les gentils et les méchants les méchants, et chacun a (à) sa place.
Ceci étant, ce n'est pas un problème. On ne demande pas à un film d'action d'être dans la subversion. On lui demande simplement d'être divertissant, un rôle que Deadpool remplit d'ailleurs très bien. Je n'ai pas regardé ma montre de la séance. Dommage seulement de survendre un tantinet la dimension marginale du film...


A partir de là, prenons le film pour ce qu'il est, c'est-à-dire un divertissement d'humour et d'action.


L'humour d'abord.
C'est simple, il est omniprésent. Du générique de début, qui met de suite le sourire aux lèvres, à celui de fin, les blagues se suivent... à, à, à la queueleuleu (pardon...). On aurait pu frôler l'overdose d'ailleurs, mais le rythme est plutôt bon et permet de ne pas s'enfermer dans la recherche mécanique de la prochaine punchline. La plupart est assez pipi/caca mais plutôt bien sentie (désolé...). J'ai bien trouvé deux ou trois vannes un peu trop appuyées ou carrément attendues, mais c'est aussi parce que j'aime bien pinailler.
Globalement donc, le résultat est très positif. On s'amuse et c'est là l'essentiel.


L'action ensuite.
Aidée par des effets spéciaux plutôt pas mauvais tant qu'on ne pinaille pas là non plus, elle se laisse suivre assez facilement. Par opposition à une daube monumentale dans le genre (hermSans Issueherm), elle est même d'une fluidité à toute épreuve. On arrive sans mal à se représenter les personnages dans l'espace même lors d'un gros plan sur un joli mangeage de bitume.
N'étant pas un fan du genre, je n'y connais pas grand-chose mais le tout se regarde agréablement.


Plus largement en termes de mise en scène et de narration, on suit Wade Wilson (alias Deadpool) dans la poursuite de son ennemi juré, Francis (alias Ajax). Le film alterne le présent et le passé, avec de longs flashback pour que le spectateur ignare que je suis sache pourquoi notre antihéros fait ceci comme cela à tel moment. Sans être révolutionnaire, c'est plutôt sympa et ça permet dans l'absolu de mettre tout le monde sur un pied d'égalité pour qu'on comprenne tous, pro et zéro Marvel, les tenants et aboutissants de l'intrigue.


En résumé, une bonne surprise.
Il ne s'agit pas du film de l'année, c'est certain, mais il permet néanmoins d'abréger d'une heure et quarante-huit minutes notre triste condition humaine d'une bien agréable manière.

ArthurGuigal
7
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le 26 févr. 2016

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Arthur Guigal

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