Deadpool 2, coup de boule ou coup de mou ?

Hep, salut, je suis la critique de Deadpool 2 !


Ha non, pas deux fois la même blague !


Alors soyons sérieux, un peu.


Même si Deadpool 2 veut reproduire le succès de sa première plaisanterie, son box-office triomphant pour un film de super-héros décalé et cinglé, pas pour les petits enfants.


Une réussite presque miraculée, après la première apparition ratée du personnage dans le X-Men Origins: Wolverine de 2009, puis différents jeux d’influences pour pousser le projet d’un film en solo à sa folle gloire, qui arrivera enfin en 2016, financé avec un budget modeste pour une telle production. Et puisque le titre remporta 10 fois la mise, la Fox commanda rapidement un deuxième volet, qui sort seulement deux ans après.


Tim Miller, le réalisateur du premier, quitte le projet pour différences créatives avec Ryan Reynolds, pas d’inquiétudes, il put occuper son temps avec Terminator: Dark Fate (pas de bol, grand flop) et la série Love, Death & Robots (jouissive mais à la réception partagée).


David Leitch reprend la suite, et c’est tant mieux. Homme d’action, il a commencé sa carrière comme cascadeur, puis a été en charge de leur application ou des combats, avant de devenir réalisateur de second équipe, toujours sur des films loin des causeries autour du feu, plutôt de l’échange de gnons. Il coréalise John Wick, puis se retrouve seul aux manettes pour Atomic Blonde et enfin Deadpool 2.


Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce Deadpool non seulement ne manque pas de scènes riches en bagarres et cascades, mais qu’elles sont mises en scène avec un soin évident, pour mieux souligner toute la dangerosité du mercenaire rouge. L’affrontement contre des asiatiques à la sortie de leurs bains chauds est relevé, et se permet même une petite touche d’humour en y incorporant des coups de serviette dans sa chorégraphie. Le pied. L’assaut du convoi de prisonniers en pleine route est aussi un bon exemple de scène bien vitaminée, là encore ponctuée des répliques et gags de Deadpool.


Le budget du film est doublé pour la suite, et cela se ressent dans la débauche des moyens, mais aussi dans les décors, qui faisaient parfois téléfilm de film d’action interchangeable dans le premier. Si la présence de Deadpool dans le manoir des X-Men s’éternise un peu, mais fait plaisir aux fans, on apprécie tout de même la belle richesse du mobilier. Le réalisateur utilise parfois quelques effets pour appuyer ces décors et sa mise en scène, avec une belle pluie nocturne pour le moment dramatique du film, ou des effets de cendres pour la scène finale, qui démontrent un peu trop une volonté de “bien” réaliser, au risque que cela se voit un peu trop.


Car cette séquelle va aussi chercher l’émotion, et ne la trouve pas si facilement. Le premier Deadpool était un récit de vengeance mais aussi d’amour, et le héros fou avait eu les deux. Merci, nous n’entendons plus parler d’Ajax, le grand méchant précédent, terriblement fade, remplacé ici par un directeur d’établissement délicieusement malsain, Miller (Eddie Marsan), qui cherche à convertir les jeunes mutants sous sa garde en de bons humains bien comme il faut et notamment le jeune Rusty, petite boule de colère, à l’amertume bouillante. Cet établissement prometteur sera pourtant mis de côté pendant une grande partie du film, avec la fuite de Rusty (Julian Dennison), accompagné puis abandonné par Deadpool. Ce dernier changera d’avis, il a un coeur malgré tout, notamment pour l’aider à ne pas franchir la ligne morale en tuant Miller mais aussi parce qu’il est poursuivi par un tueur cyborg du futur (combo so 90’s), Cable. Une menace ambiguë, un homme d’action redoutable, une force magnétique incarnée par un Josh Brolin saisissant.


Et si Deadpool renâcle à protéger Rusty, qui se trouvera un autre allié, bien moins recommandable, c’est que Wade Wilson, l’homme sous le masque, a le coeur brisé, puisqu’il se sent responsable de la mort de sa compagne Vanessa, zigouillée par un triste sire qui a accompli sa vengeance.


Habituellement, cette pratique permet de remplacer la précédente histoire d’amour par une nouvelle, comme dans Austin Powers 2 ou Paul Blart 2 que je pointe d’un doigt accusateur parce qu’ils le font très mal. Mais Deadpool n’a qu’un amour, Vanessa, qu’il va tenter de rejoindre par le suicide, tout plein de différents, mais avec un facteur guérisseur au taquet, ça lui est impossible. Il va voir sa chère Vanessa dans des visions de l’au-delà, là encore un peu clichées, et se trouver une nouvelle raison de vivre.


Deadpool 2 est tout de même bien rempli, probablement trop, et encore, je ne vous mentionne pas le retour des personnages du premier, tous là, ni l’introduction de nouveaux avec son équipe, la X-Force, même si le film s’amuse des attentes qu’il met en place. La candide Domino à la chance insolente est d’ailleurs une des bonnes surprises de ces ajouts, félicitations à l’actrice Zazie Beetz. Mais si l’humour est toujours présent, l’émotion présente se veut plus grave, quitte à aligner un traumatisme pour Deadpool, un traumatisme pour Rusty et un traumatisme pour Cable, merci. D’autant plus qu’il est bien difficile d’éprouver une grande sympathie pour Rusty, adolescent amer à la forte forte tête et aveuglé par sa vengeance.


Le tout est bien rempli, c’est certain, et le visionnage de la version longue (pardon, Super Duper Cut) n’est pas de trop, même si son quart d’heure supplémentaire concerne avant tout un peu plus de blagues en plus. Une fois encore, le personnage de Deadpool tranche dans le lard avec ses répliques, n’hésitant pas à tourner en ridicule ses partenaires ou à commenter l’avancée du film, critiquant parfois les scénaristes (Rhett Reese et Paul Wernick, qui ont rempilé eux aussi) sur leur flemmardise sur certains points. De bonne guerre puisque Ryan Reynolds a participé à l’écriture. Le film n’hésite donc pas à se moquer de certains clichés, même si quand il se fait plus sombre, il n’ose guère s’amuser de lui-même malgré qu’il ait les deux pieds dedans, tiens donc. Mis à part tout de même pour la fin (spoiler), avec cette agonie qui n’en finit pas. Attention tout de même, avec un personnage encore un peu adouci par rapport au premier, c’est aussi cet humour un peu vache et méchant qui s’arrondit aussi, alors que c’est ce qui distingue la franchise du reste de la production en collant.


Deadpool premier du nom était truffé d’allusions à la culture populaire, mixées et recrachées par le mercenaire en rouge pour servir ses plaisanteries. Cette suite est même encore un peu plus décomplexée sur ce point, les références sont très nombreuses, y compris aux précédents rôles des acteurs impliqués. Cette profusion est parfois un peu bourrative, il faut l’avouer, mais cela participe aussi au charme du personnage, trop bavard, et tant pis si tel personnage secondaire ou le spectateur ne saisit pas tout.


Deadpool 2 se veut plus ambitieux, assuré du succès du premier et de son budget plus conséquent. Mais s’il se montre plus vitaminé et que son humour un peu sale gosse fonctionne encore, même s’il ne semble guère arriver à se renouveler, son fond un peu plus grave a plus de mal à convaincre. Si la surprise ne fonctionne plus, revoir ce sacripant à la folie contagieuse reste un plaisir, un petit doigt d’honneur face aux autres concurrents, même si le film a un peu perdu de son tranchant.

SimplySmackkk
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le 25 sept. 2021

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