Marvel Studios : Fossoyeurs du tri sélectif

Avant, Deadpool, c'était une certaine idée de l'irrévérence injectée dans le monde des super-héros, des saillies zinzins épousant le mode méta et quelques séquences d'action parfois spectaculaires.


Et un mercenaire avec un petit cœur qui bat sous la combinaison.


Depuis le braquage opéré au box office 2016, le cocktail avait été érigé en formule boostée par le marketing mettant en avant sa classification plus adulte, dont il était prédit que Disney n'oserait jamais s'approcher, de l'avis des pseudos analystes et autres critiques pro du dimanche.


Quelle rigolade donc de voir, en 2024, que Mickey, dans sa volonté de greffer un personnage lucratif au Marvel Cinematic Universe, ne change pas d'un iota cette formule a priori.


Sauf qu'avec Deadpool & Wolverine, quelque chose cloche, même si Shawn Levy semble donner les gages habituels de la franchise en dégainant immédiatement son impertinence et sa violence gore.


Car voir le TVA débarquer ensuite dans l'aventure en guise de béquille n'augure généralement rien de bon. Et la suite des événements ne vient jamais déjouer ce triste constat. En effet, Deadpool & Wolverine, au lieu de développer ses enjeux en forme de véritable Marvel Team Up, est peu à peu transformé en véritable braderie-brocante du cameo gratuit. Le tout dans un wasteland aux allures de Old Man Logan totalement sous-exploité qui, sous la caméra de l'anonyme Shawn Levy, a tout du bac à sable.


Mais le pire dans l'histoire, c'est que les scénaristes de Deadpool & Wolverine, ou bien Marvel Studios, semblent totalement incapables de faire le tri dans leur entreprise de recyclage de l'univers Marvel made in 20th Century Fox, allant jusqu'à racler le pire des fonds de tiroirs du rayon « échec » pour lui faire côtoyer ce qu'il a produit de meilleur.


Sans doute vous dira-t-on qu'il s'agit d'hommage à une période dorée désormais révolue. Mais il est cependant littéralement incompréhensible que l'idée, par exemple, de faire référence à l'honni X-Men 3 ait pu être validée sans sourciller ou se poser une quelconque question de cohérence quant au but poursuivi.


Le masqué, quant à lui, n'a pas pu s'empêcher de faire le parallèle avec une autre œuvre honnie et depuis enterrée bien profond en fosse commune. En effet, The Flash épousait exactement la même dynamique, avec le retour de Batman, pour, le temps d'une séquence, virer au film de geek embrassant le passé, le présent et les fantasmes de projets avortés.


Sauf que Deadpool & Wolverine, sur ce dernier aspect, trouve le moyen de pousser le curseur un cran plus haut encore, de manière tout aussi gratuite et dénuée d'utilité réelle. Curieux de voir l'accueil aujourd'hui d'un tel concept venu contaminer l'univers Marvel alors qu'il signait, il n'y a pas si longtemps, la déroute de l'univers partagé DC Comics.


Car alors qu'il pouvait être encore être ressenti chez DC une sorte de naïveté dans la démarche, rien d'analogue ne sera éprouvé du côté de Marvel devant un tel défilé en forme de passage de plus en plus obligé.


Un tel cynisme a littéralement gâché la séance du masqué, tout comme cet incapable de Shawn Levy qui rate quand même pas mal de ses séquences d'action. Le ratage le plus criant, en forme de baston de groupe, devient en effet illisible en raison de son découpage erratique. Au point qu'un superbe plan séquence de baston semble tout droit échappé des films précédents, tellement le contraste est saisissant tant dans le concept de la scène que dans son exécution.


De tels défauts viennent éclipser les bonnes idées de Deadpool & Wolverine, la gouaille ravageuse du premier et le charisme du second qui, de manière étonnante, vole le cœur du film à son comparse à grande gueule.


Et si Deadpool est toujours aussi attachiant, et désormais consacré au sein de l'univers partagé, il n'est plus qu'un personnage parmi tant d'autres. Alors qu'il était naguère le centre de son petit monde, qu'il partageait à l'occasion avec certains X-Men ou membres de X-Force.


De quoi penser que l'expansion de l'univers devrait parfois rencontrer quelques limites.


Behind_the_Mask, qui n'est plus très chaud à l'idée d'adopter la cagoule.

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le 24 juil. 2024

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