Rire de Deadpool et Wolverine est une façon qu’à le cinéphile juvénile de faire semblant d’avoir été diverti, tout en ignorant que Marvel les flatte sans pitié en replaçant toutes les bonnes idées de certains des films précédents (empruntés à des biens meilleurs films comme John Wick, pour être parfaitement honnête) en approbation pour actionnaires. Mélangeant comédie et irrévérence, les films Deadpool relancent la série Marvel X-Men, reconstituant l'alter ego de Wade Wilson (un cancéreux condamné pleurant le meurtre de sa femme) en anti-héros masqué dont le superpouvoir est qu'il est invincible. En tant que l'un des Nouveaux Mutants de Marvel (introduit dans X-Men Origins : Wolverine en 2009), il a un visage grêlé qui montre les ravages de la maladie et il ne doit donc pas être pris au sérieux. Il peut être brutalisé à plusieurs reprises, satisfaisant la soif de sang d'un public adolescent, car rien n’a d’importance véritable dans l’univers Marvel.
Même le fait de l'exploitation hollywoodienne devient une blague dans la manière dont Deadpool & Wolverine réunit Deadpool (Ryan Reynolds) avec son antagoniste de super-héros Wolverine (Hugh Jackman), même si ce dernier a été tué dans Logan en 2017. Marvel lui-même se moque de la susceptibilité de son public en ramenant des personnages, y compris de nombreux cameos d’héros Marvel, contre la logique narrative, simplement pour gagner de l'argent. (Le terme « fan-service » est l’euphémisme hollywoodien pour désigner la communication commerciale.)
Les circonvolutions de l’intrigue impliquant une Time Variance Authority (TVA) contrôlée par le maléfique M. Paradox (Matthew Macfadyen) permettent de nombreuses incohérences – pas des faits paradoxaux d’être et de néant, juste une configuration pour les blagues interminables, grossières et introspectives de Deadpool.
Deadpool fait un clin d'œil au public à propos de la résurrection de Wolverine : « Fox l'a tué. Disney l'a ramené. Ils vont lui faire faire ça jusqu’à 90 ans.» Reynolds a coécrit l’excuse d’un scénario avec Rhett Reese, Paul Wernick et Zeb Wells, et le véritable sujet ici n'est pas le mystère de l'existence à travers le temps et les dimensions, mais la vénalité du showbiz.
Au lieu de comparer Deadpool et Wolverine pour leurs approches respectives de l’astucieux et du brutal, de la lutte contre le crime, ce film dépasse le bien contre le mal. Marvel abuse du processus de narration et de réception de l’histoire (divertissement), simplement pour déformer la notion d’héroïsme en produit. Les plaisanteries incessantes de Deadpool et la rupture du quatrième mur ne nous rendent pas sophistiqués, juste blasés. C’est pour les geeks qui aiment penser qu’ils sont sophistiqués car ils ont acheté toute la série de comics et connaissent le “lore”. Un sarcasme constant sauve les fans de l'embarras émotionnel lié à la sincérité de Zack Snyder dans Man of Steel et Batman v Superman : Dawn of Justice. La beauté du sens cohérent qui donne aux films de Snyder leur richesse émotionnelle a disparu. Rien dans Deadpool & Wolverine ne veut rien dire. Ce cynisme commercial incarne-t-il la même polarisation incontrôlée qui anime nos médias et notre politique ?
Le recyclage par Marvel de ses éléments de base de l’intrigue prouve que les créateurs ne se soucient que du produit et de la manipulation. Les querelles du film de copains dans Deadpool & Wolverine sont parallèles aux chicanes politiques actuelles – détruisant la logique, la décence et les règles. Deadpool lui-même est comme un politicien, le cynique ultime (peut-être le dernier cynique). Dans Deadpool 2, il avait savouré la mort de Wolverine (empalé et couché sur un disque rotatif comme un vieux disque vinyle). Maintenant, après les mamours des deux hommes, il y a une finale mièvre destinée à invoquer le but et le principe.
Le personnage de Deadpool trompe le public sur toute base morale, c’est la raison de sa popularité, ce qui le rend plus réel que le reste de l’univers Marvel. Derrière son masque d’ersatz de Spider-Man, il est une figure qui pastiche le rôle d’un héros. Maintenant, dans le multivers MCU, Reynolds éclipse les favoris de Néandertal et les griffes d'adamantium du fidèle Wolverine en lançant des blagues sexuelles pubères sans arrêt (« Sortez vos chaussettes spéciales, les nerds. Ça va devenir bon ! »), des blagues gay à floraison, ainsi que des références d'actualité (rappelant celles un peu nulles de Deadpool 2).
Shawn Levy met en scène la violence caricaturale avec moins de verve que celle de David Leitch dans Deadpool 2, qui présentait la transition paradigmatique de la franchise – du gros plan d'un sphincter à un œil humain – faisant valoir la détraction. Deadpool & Wolverine prouve que Marvel capitalise sur un marché de salles gosses, insatiables de sarcasme dans leurs Marvelerie.