Un film qui devrait être montré dans les écoles pour faciliter l’inclusion et accepter la différence

Troisième opus de la tétralogie portant sur le handicap. Le documentariste Frederick Wiseman s’est intéressé aux "multi-handicapés" (sourds, aveugles & handicapés mentaux) en réalisant toute une série de documentaires, tels que Adjustment and Work (1986), Multi-Handicapped (1986) ou encore Blind (1987).


Après l’école Helen Keller où il filmait des élèves polyhandicapés et l’institut de formation & d’évaluation pour sourds & aveugles "E.H. Gentry", Wiseman persiste et signe un troisième documentaire cette fois-ci à l’école pour les sourds de Talladega en Alabama. Cet institut (qui fait aussi office de pensionnat) à la particularité de former ses élèves à la communication dites globales (le langage des signes, la parole, les appareils auditifs, la lecture labiale ou encore l’écrit).


A l’image de ses précédents films sur le même registre, l’immersion est totale et nous permet de découvrir un tout autre univers, une autre approche du milieu éducatif et scolaire. La façon dont de jeunes enfants puis des adolescents vont acquérir des connaissances pour affronter un monde qui ne les comprend pas et qui eux peinent à comprendre.


L’institut nous ouvre ses portes et nous permet d’entrevoir les activités pédagogiques et la vie quotidienne qui s’y déroulent. Orthophonies, cours, formations, activités sportives, visites parentales et mêmes problèmes disciplinaires, rien ne nous est épargné et c’est en cela que le film s’avère très intéressant. Il n’y a qu’à voir cette terrible entrevue, à la fois désolante et touchante, entre un jeune garçon (qui menace de se suicider), le proviseur, sa mère et une psychologue. Wiseman nous immisce au cœur du sujet et nous offre une séquence assez incroyable (qui dure près de 45min !). On y découvre un ado qui en veut à sa mère, mais en grattant la couche de vernis, on fini par découvrir l’impensable, ce gamin se sent délaissé par sa famille dont la mère ne signe pas (et peine à se faire comprendre et à comprendre son propre fils). Cette dernière lui annonce de but en blanc que son père ne l’aime pas et qu’il ne compte pas lui rendre visite. Difficile dans pareille situation pour ce gamin d’arriver à se construire, à s’intégrer au sein de cet institut et suivre pleinement une scolarité.


Autre séquence marquante, celle d’une visite à la prison du conté (pourquoi pas… bien que cela surprenne de voir des gamins aussi jeunes visiter un pénitencier). Le plus surprenant dans tout ça, c’est d’assister à une séquence assez WTF, lorsqu’un élève de 10/12ans commence à signer avec un des tolards. Ce dernier connait l’ASL (American Sign Language) et commence une conversation avec les gamins à travers la porte de sa cellule !


Il en résulte un documentaire assez percutant. Les situations et les échanges auxquels on assiste s’avèrent assez déroutant et à eux-seuls méritent clairement de s’intéresser au film. Ajouter à cela que certains enseignants soient eux-mêmes sourds ne fait que renforcer la puissance des images et le discours du film se fait encore plus fort. Typiquement le genre de film qui devrait être montré dans les écoles pour faciliter l’inclusion et accepter la différence des autres qui au demeurant, sont leurs forces.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »

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le 27 juil. 2021

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