Tourné en 1995, le film ne sortit que trois ans après, en VHS.


Est-ce à cause de son anachronisme ? Le Masque de la mort est un film d’horreur qui a pris conscience des nouvelles directions prises par le genre depuis la fin des années 1980, en développant ses personnages plutôt que l’éjaculation de sang et de tripes, mais qui conserve quelques traces de cette décennie un peu canaille.


Son réalisateur, Steve Latshaw est un habitué de la série B, élève de Fred Olen Ray, figure célèbre du genre dans les années 1980, il avait notamment travaillé sur Vampire Trailer Park, Biohazard : The Alien Force, Bikini Drive-In ou Jack-O.


Ce parfum so 80’s semble vouloir être repris ici. C’est le cas notamment avec l’arrivée précoce du premier plan nichon du film dès 0’45. D’autres apparaîtront encore, c’est gentil.


En dehors de quelques scènes qui jouent avec les éclairages, notamment un passage auprès de la sorcière du coin, assez réussies, la mise en scène est un peu fade, trop rapprochée, tandis que certains décors font faux. C’est regrettable pour un film qui se passe dans un vieux cirque, promesse d’une étrangeté non atteinte, et lieu d’expression de ses deux personnages principaux.


Le vieux Wilbur ne fait pas recette avec ses attractions notamment en cire, crées et sculptées de ses mains. Il cache derrière une prothèse faciale ses cicatrices, causées par son père clown et sadique qui lui a collé la face trop près de la plaque chauffante. Le nouvel héritier du cirque, Guido, forain arrogant veut qu’il quitte le lieu. Seule Angel, la danseuse du show de l’eunuque, lui témoigne son soutien. Elle va lui présenter une de ses vieilles connaissances, une sorcière, qui va lui offrir un bout de bois maudit par la pendaison lointaine d’une sorcière. Avec celui-ci, Wilbur va créer un masque envoûtant, tant qu’il ne le porte pas. Sur lui, il ne causera que des morts atroces.


Clairement découpé en deux parties, le film prend un certain temps avant de dégainer ses cartouches horrifiques. Ce n’est donc pas un hasard s’il s’ouvre sur des scènes qui correspondent à un niveau plus engagé du métrage, presque sa conclusion, avant de revenir en arrière. Ce tunnel de développement des personnages, assez récurrent, est souvent mal employé, repoussant les festivités horrifiques avec du vide.


Ce n’est pas le cas ici. Wilbur est un personnage assez atypique dans le genre, plus habitué aux jeunes pousses qu’aux vieux personnages. Avec ses rides, sa moustache et ses kilos bedonnants, l’acteur James Best détonne. Vieille gloire du western et personnage récurrent de la série Shériff, fais-moi peur, il avait disparu des écrans pendant une dizaine d’années. Ici, il est non seulement le personnage principal, mais aussi le scénariste du film, tandis qu’à la production on retrouve sa femme et sa fille.


Ce retour par la petite porte, un film d’horreur de série B, se fait tout de même avec la main dessus, s’attribuant toute la lumière mais développant un personnage assez réussi, fragilisé par ses traumatismes passés mais désirant malgré tout vivre, notamment auprès de la belle Angel. C’est la volonté de la reconnaissance des autres qui va déterminer ses actions, mais aussi ses mauvais choix. L’histoire résonne probablement avec la vie de l’acteur. Bien que ce soit lui la menace du film, l’outil qui va couper le fil de quelques vies, il reste malgré tout une victime, emportée par la malédiction du masque mais aussi ses remords passés et présents. Un destin tragique, un peu trop appuyé dans sa conclusion, lacrymale et mystique, en plus d’être abrupte, dommage.


A côté de lui il peut s’appuyer sur Angel, amie et confidente, prête à le soutenir mais aussi à le mettre en garde. Une relation assez bien équilibrée, avec ses difficultés, que Linnea Quigley. La reine des « scream queens », ces actrices fétiches des films d’horreur des années 1980 et 1990, trouve ici un rôle un peu plus nuancé que bien d’autres de ses participations. Elle n’aura même pas à crier, ce qui a dû la reposer.


D’autres acteurs devront donner de la voix, même si le film se révèle tout de même relativement sage en nombre de morts. On retrouve tout de même cet esprit des années 1980 avec quelques morts un peu tordues, bien loin de la fadeur de certains films de la première moitié des années 1990. Les effets spéciaux restent sages, quelques maquillages sont un peu grossiers, dommage. Quant aux déformations du masque par effets spéciaux numériques quand Wilbur le porte, elles sont terriblement datées et ratées.


Tout le film tient sur Wilbur, le reste étant tout de même maladroit mais pas non plus déplaisant. Cela manque de budget, cela manque de style, mais il y a malgré tout cette curiosité pour le sort de Wilbur, personnage atypique, assez nuancé pour un tel film, investi par un Pete Best assez surprenant dans son rôle de nounours un peu dépassé.

SimplySmackkk
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le 23 sept. 2022

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