Death Mills
6.9
Death Mills

Court-métrage documentaire de Hans Burger et Billy Wilder (1945)

Le cinéaste d’origine autrichienne, qui avait fui l’Europe au cours des années trente pour ne pas vivre l’horreur revient filmer avec les soldats américains, la libération des camps de la mort nazis dans un court documentaire commandé par l’armée à destination du peuple allemand d’abord, aujourd’hui images d’archives inestimables.
« Slaughter house »



Billy Wilder filme la mort.



Les camps, la mécanique qui les anime, les macabres collections de montres, de bijoux, de dentiers, les sacs de cheveux. Les corps. Les innombrables corps. Les charniers, les salles de douche collectives, les fours racontent les spécialités des camps, ici la faim, ici le feu, là le gaz ou les exécutions, un mélange brut dans de plus vastes complexes, glacials noms de l’holocauste, où les quartiers se répartissent les tâches. Viennent les survivants. Six femmes parmi des centaines de cadavres, émaciées, pleines d’escarres, des orphelins tatoués entre sourires et frayeur, des hommes si maigres qu’ils ne peuvent marcher seuls.


L’homme est omniprésent. Soldats, officiers, victimes, foules libérées, files de visiteurs éffrayés, corps affamés, cadavres calcinés, squelettes, regards figés dans l’horreur et la stupeur.



L’incompréhension.



La voix-off égraine une litanie de nombres indicibles, incalculables. Le macabre catalogue des horreurs, l’économie planifiée de la mort et son industrialisation à grande échelle. Invite le peuple allemand, images à l’appui, à visiter leur œuvre inconsciente, à s’alarmer et à s’amender dans la honte de la complicité qu’ils choisissaient d’ignorer hier encore.


*Death Mills*, les moulins de la mort, 


le vent inepte de la camarde



qui a soufflé à l’ombre des camps est ici capté froidement, décrypté cliniquement dans ses actes irréversibles autant que dans ses enjeux, exposés sans détour aux responsabilités collectives, et à l’Histoire.
Le court documentaire vaut un long cours. Indispensable rien que pour le témoignage.

Matthieu_Marsan-Bach
6

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Créée

le 24 déc. 2015

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