C'est la question que l'on se pose après avoir vu ce film : mais finalement, pourquoi ? Quel est le but de faire une telle adaptation ?
Depuis toujours le cinéma a adapté d'autres oeuvres, livres, pièces de théâtres, bandes dessinées, etc. Seules deux manières de le faire semblent vraiment efficaces :
- Sublimer l'oeuvre originale, en tirer le meilleur, transposer l'esprit, l'univers ou l'intrigue à l'écran, faire jaillir son originalité et ce qui, de base, faisait sa qualité ;
- ou bien, au contraire, prendre une toute autre direction et réinterpréter l'oeuvre avec une vision très personnelle, souvent un parti pris très marqué, en y piochant tous les éléments qui peuvent servir cette vision.
Rien de tout cela malheureusement dans ce film Death Note, qui a suivi une troisième voie, maintes fois empruntée et pourtant jamais cournonnée de succès : écarter tout ce qui fait de l'oeuvre quelque chose d'unique, en gommer les aspérités, aseptiser les personnages, s'affranchir de toute subtilité, puis remplacer tout cela par de gros clichés culturels (ici typiquement hollywoodiens) censés faire figure d' "adaptation" à un public différent. Public que l'on considère visiblement incapable de suivre un héros japonais, de s'attacher à un personnage dénué de morale, ou de croire à un dieu de la mort qui ne serait pas méchant... Apparemment, nous serions encore moins capables de suivre cette histoire plus d'une heure trente, alors que dire si le héros n'était pas à moitié orphelin et si l'on ne parsemait pas tout cela de gore, de course poursuite, de match de base-ball, de plan débullés et de tubes pop qui sentent bon la fin de boum de primaire des années 90 ?
Bref, on assiste là à une adaptation au forceps, une tentative désespérée de faire rentrer une oeuvre mondiale aux enjeux rarement atteints dans une toute petite case faite de tous les stéréotypes et les facilités hollywoodiennes dont même les inventeurs auraient honte.
Alors, encore une fois, se pose la question : Pourquoi ? La réponse est sûrement à trouver dans un mélange fait d'intentions marketing trop formatées, d'un réalisateur loin d'être à la hauteur, à la vision étriquée et monolithique, d'un manque de respect et de considération pour le matériau de base, d'une production chaotique...
Rien qui ne ressemble à un début de réflexion sur le sens d'une adaptation cinématographique, ce qu'elle apporte, ce qu'elle doit être. Death Note était pourtant l'occasion rêvée de s'interroger sur ces sujets et d'apporter une réponse originale, voire culte, tant le matériau de base comporte de qualités, de singularité et de profondeur.