Death Sentence
6.5
Death Sentence

Film de James Wan (2007)

Nick Hume est d’office notre vecteur d’intégration. Campé par un Kevin Bacon plutôt à l’aise, il incarne la figure d’honnêteté (scène d’intro au bureau de la compagnie d’assurance, un peu grosse mais claire) et le père de famille un peu partial (une pointe de favoritisme pour l’aîné sportif). Bref, la petite famille (deux enfants, épouse agréable) tranquille avec les petites chamailleries entre frères, brutalement brisée au cours d’une sortie par l’attaque d’un gang. L’occasion pour le film de faire preuve de la violence dont il est capable (les impacts de balle sont traités avec un réalisme gore taillé pour l’efficacité), ainsi que quelques petites figures de styles agréables dans le paysage (le panneau « dead end »). Après la mort gratuite du fils aîné, deux thématiques se retrouvent au centre du récit : la frustration de l’échec de la justice (réduite à trouver un accord à l’amiable avec la défense) qui va se muer en pulsion de vengeance, et l’impact de la tragédie sur la famille et l’entourage de Nick. Et sur ces deux tableaux, le film se révèle convaincant, alternant l’un et l’autre avec facilité jusqu’à une quatrième et dernière partie sans temps mort qui remplira largement le quota de nihilisme attendu. Death Sentence s’appuie surtout sur Kevin Bacon, sur qui tout s’appuie à tout moment (la scène de douche doit être le seul moment où son personnage craque quelques minutes). Il assiste à l’effondrement progressif de sa famille, et sa vengeance, assez attendue, demeure finalement un point faible du film (la séquence tient plus de l’accident self-défense, mais bon, les conséquences sont les mêmes) avant l’engrenage promis. C’est également l’absence de temps morts qui fait l’efficacité de death sentence, qui enchaîne les étapes en soignant les détails (passé la vengeance et la crise de soulagement/culpabilité, Nick commence à passer à autre chose), avant de lancer la grosse séquence d’action du film. Tournée en caméra à l’épaule et renforcée par un montage efficace, c’est l’immersion complète pendant une quinzaine de minutes, la traque du parking immersive qui se révèle largement efficace. Le début de la spirale qui aboutira tout simplement à la fin du film, au cours de deux autres séquences au même niveau, malgré des idées de mises en scènes parfois discutable (l’échange de coup de feu au travers d’un mur, guère convaincant). Il faut toutefois faire mention d’un personnage secondaire récurrent (que j’ai tendance à considérer comme une erreur) : la policière moralisatrice. Celle qui accompagne Nick tout au long du film, qui déshumanise son agresseur (« c’est une bête sauvage »), qui compatit pour sa frustration en connaissant la vérité, puis qui une fois la guerre engagée vient donner les leçons de morale du code civil. Elle incarne le parfait agent de moralité, qui intervient dans une histoire amorale pour rappeler ce que tout le monde sait déjà, un petit faire-valoir qui se perd de toute façon dans la noirceur de l’intrigue (dont la transformation physique de Bacon demeurera l’un des gros points forts). Pourquoi la faire revenir de façon récurrente, si ce n’est pour agacer notre personnage ? Enfin bon, sa dernière intervention a au moins le mérite d’être utile au drame, et le film de s’achever sur une note bad trip, s’offrant le luxe d’une fin nihiliste et ce qui doit être le film le plus ambitieux de son réalisateur. Un passage plutôt réussi par la case drame/thriller.
Voracinéphile
7
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le 5 mai 2014

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