Debout les femmes ! traite d'un sujet important et souligne l'injustice que vivent au quotidien les personnes qui exercent un métier utile et pourtant très dévalorisé. Là où ce documentaire est vraiment intéressant, est quand il laisse la parole à ces femmes qui nous font part de leur difficile journée de travail, avec une humilité et un désintéressement qui va droit au cœur. Effectivement, la propension au sacrifice et au don de soi semble toujours plus forte chez les femmes, qui malgré les clichés véhiculés pendant des siècles par notre société patriarcale nous montre dans les faits qu'elles font bien plus souvent preuve de courage et de détermination.
Cependant, j'ai un peu de mal avec l'approche de François Ruffin, qui, il faut le dire, se présente un peu en héros à la fois tragique et révolté. Si l'on observe bien, le film ressemble plus à un plaidoyer narcissique qu'à un véritable documentaire de fond. Il n'y a qu'à voir le temps de parole et à l'image que Ruffin s'octroie pour bien s'en rendre compte et de ses propres écrits ostentatoirement visibles. Bref, la moitié du temps on a l'impression que l'auteur passe à côté de son sujet, s'attarde beaucoup plus sur sa propre personne et son idéologie que sur les femmes dont il prétend défendre la cause. Et puis de voir un type avec un salaire de député s'afficher en Patagonia et Picture parmi des pauvres qui vivent avec 350 balles quand elles ont payé le loyer, c'est à la limite de l'indécence.
Malgré cela, le film a le mérite d'aborder un sujet dont tout le monde semble n'en avoir rien à carer et qui pourtant mériterait une attention bien plus grande. Un autre détail m'a touché : la sorte de "rédemption" de Bruno Bonnell, qui avec l'âge se rend compte que défendre le capitalisme n'est pas la question, et qui admet plutôt humblement qu'en fait les métiers sociaux... bah c'est pas si mal. Surtout quand lui-même l'a vécu, avec un fils handicapé et une soignante sénégalaise pour s'occuper de lui. De plus, cette alliance improbable entre un gaucho convaincu et un requin entrepreneur pour la bonne cause, c'est finalement une chose positive.