Il n'y a qu'une manière de visionner Eliminators : un ou plusieurs amis, une bouteille d'alcool pleine (de préférence du Pastis, idéal tant par sa taille que par sa douce saveur), des chips (selon le budget de chacun et les goûts personnels, des pop-corns) et des clopes pour faire une pause, l'enfilage de verres pleins tapant au final bien le crâne. Parce qu'il faut y boire à chaque bêtise, à chaque élément cinématographique qui déconne dans le film, et dans cette vision d'amusement, Eliminators est doté d'une générosité unique.
Il y a, dès les premières secondes, toute une flopée de raisons de trinquer et de boire une gorgée, au point qu'on basculera très rapidement sur des "compte double !", "compte triple!", "ça ne compte quand même que pour un!", et des pronostics des erreurs qui pourront venir ensuite. Lumière bordélique et projos visibles; check. Plagiat de Terminator, check, le film se payant même le luxe d'avoir embauché son acteur principal pour la ressemblance de sa mâchoire avec celle du tank autrichien.
Acteurs qui jouent mal, scientifiques fous (+volonté de dominer le monde) tempérés par un autre scientifique gentil, sacrifice de ce même scientifique représentant la figure paternelle de notre "man-droïde" (dur de se remettre de cette appellation), histoire de vengeance et de course-poursuite, scène de Robocop avant même la sortie de Robocop, tout est fait dans le but de vous voir finir ivre mort sur la table, à répéter inlassablement ses meilleurs répliques, quand on ne voudra pas re(sur)jouer ses scènes les plus improbables.
Il y a dans Eliminators cette naïveté à ce point sincère qu'elle rendrait presque le film émouvant; aussi mauvais qu'il soit, il pense dur comme fer que c'est en plagiant les grands films du genre à succès qu'il parviendra à s'octroyer son propre succès. Il plonge tête la première dans le plagiat, les références et les repompes minimes, comme s'il aimait autant ses concurrents que l'argent qu'il pouvait se faire en les copiant.
Un tas de copies n'amenant à Eliminators qu'un statut d'oeuvre bâtarde et sans autre personnalité que celle d'être un joyeux nanar sans prétentieux, honnête avec son spectateur et généreux pour les amateurs de mauvais films comiques. On boit finalement pour marquer toutes les références, et tandis que viennent s'y ajouter de multiples incohérences aisément supprimables, il sera temps de se livrer à des pronostics sur l'homme qui parviendra à se serrer la seule figure féminine de l'oeuvre, sous Ellen Ripley version blondasse.
Les pronostics voleront en éclat avec cette conclusion bâclée, sortie de nulle part et sacrément abrupte, ne donnant aucune finalité à l'heure et demi que l'on aura suivie avec, étrangement, un grand intérêt. Bien sûr que c'est mal joué, que les moyens sont moins présents que les plagiats, mais il reste à noter qu'Eliminators a, cependant, un certainsens des cadrages et des mouvements de caméra, la scène de poursuite en bateau survolant aisément les pires naufrages que le genre nanardesque aura pu nous offrir grassement.
Hilarant.