À la sortie de ce Dédée d'Anvers en 1948, le courant cinématographique du Réalisme poétique était déjà entrain de disparaître et ce film tentait de le remettre au goût du jour. Tous les éléments et codes du réalisme poétique d'avant-guerre sont là, le fatalisme, la romance ainsi que le milieu ou évolue les personnages qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le classique Quai des Brumes car l'action se déroule dans une ville portuaire avec les matelots bagarreurs, les prostituées sympas, les maquereaux à la claque facile bref toute une galerie crapuleuse et typique. Du côté de l'imagerie Yves Allégret là également cherche chez Carné ses références, le pavé humide, des scènes de bistrots ou l'alcool coule à flot, les chambres miteuses sont filmés avec classicisme mais en s'appuyant quand même sur des jeux d'ombres et quelques courtes séquences plus audacieuses visuellement. Dédée est interprétée par la jeune Simone Signoret qui se révèle avec ce rôle lançant sa carrière, Bernard Blier en contre-emploi est plutôt étonnant à ses côtés par contre Marcel Pagliero fait pâle figure.