J'avais sensiblement l'âge de Mike lorsque j'ai découvert pour la première fois "Deep End", Skolimowski et... Sue.
J'ai environ 20 ans de plus et pour toujours dans un coin de ma tête... Sue.
Sue est rousse, tellement rousse, Sue est libre, tellement libre. Moi, Mike, je travaille aux bains publics aux côtés de Sue, j'arpente le Swinging London à la recherche de Sue, je mange trop de hot-dogs à la moutarde pour rester près de Sue.
Skolimowski, avant de m'offrir de grands bonheurs cinématographiques, m'a appris ce qu'était le trouble, l'émoi adolescent. J'ai ressenti pour la première fois ce bouleversement profond devant un écran, pas dans la vraie vie. Bien sûr, ensuite cette vie m'a offert mes Sue, et par conséquent mes envies, mes rages, mes petits bonheurs, mes grandes tristesses. Sans que jamais je ne parvienne, autrement que par procuration, à toucher cet instant de grâce : l'eau envahissant le bassin, l'écho de de deux voix adolescentes, la lampe trop lourde pour un crâne trop tendre, ces corps en équilibre fragile sous une lumière vacillante, cette musique qui accompagne la chute d'un premier corps, un ciré jaune à la surface, un second corps vient rejoindre le premier, un sac à main, une bouilloire, une serviette, les deux corps nus en apesanteur, le bleu de l'eau...et cette volute rouge-sang...
NB : Encore une fois un grand bravo à Carlotta ! Si une œuvre méritait bien une restauration, c'était ce "Deep End". Ma bonne vieille VHS peut en témoigner, je pensais connaître par cœur chaque plan de ce film mais c'est une véritable deuxième naissance qui lui est offerte ici. Justice est enfin rendue à l'incroyable travail de Skolimovski, l'importance des couleurs, véritables acteurs du film, prenant ici tout son sens.
http://www.senscritique.com/film/Le_Depart/critique/12498145
http://www.senscritique.com/film/Travail_au_noir/critique/12516936