Réalisé par Pan Nalin, un homme donc, le très féministe Déesses indiennes en colère a la malchance de sortir quelques mois après l'excellent La Saison des femmes, autrement plus subtil dans sa façon de dénoncer la société patriarcale indienne. Pourtant, il serait dommage de bouder cette nouvelle production fort éloignée des canons bollywoodiens.


Déjà parce que les fameuses "déesses en colère" n'ont pas du tout le même profil que les quatre héroïnes rurales de La Saison des femmes. Éduquées, urbaines et bilingues hindi/anglais, elles tendent un miroir aux centaines de millions d'Indiennes qui ont "réussi" socialement mais qui subissent malgré tout la violence d'une société aux traditions très ancrées. Pour elles aussi, les agressions et les discriminations sont monnaie courante, avec la complaisance de la police. Une fois mariées, peu importe leur niveau instruction, elles sont souvent confinées au foyer. Les comédiennes et les musiciennes ? Assimilées à des objets ou à des prostituées…


Pan Nalin a voulu raconter tout ça dans son film, au travers de sept personnages hauts en couleur et forcément archétypaux (la businesswoman, la métisse à moitié britannique, la bonne au lourd passé…). Certains critiques ont ainsi dénoncé un empilement de clichés ou un manque de vraisemblance. Le réalisateur illustre pourtant une réalité et explique s'être directement inspiré de nombreux témoignages recueillis… ou volés, puisqu'il a espionné des groupes de copines partout dans le pays, ce qui lui a d'ailleurs valu quelques problèmes. Sans en faire un enjeu scénaristique majeur, le film traite aussi frontalement la question de l'homosexualité féminine, avec une agréable légèreté.


Si Déesses indiennes en colère s'avère un peu balourd dans sa démonstration, l'ambition est plus que louable et la mise en oeuvre plutôt percutante. Pan Nalin n'oublie pas les moments de pure comédie et livre un généreux buddy movie émaillé de passages dramatiques et de pointes d'émotion. Et comme les actrices font un super boulot, ça marche. Belle et pleine d'espoir, l'ultime scène du film nuance la brutalité de la conclusion dont on aurait tort de vouloir tirer une quelconque morale. En Inde, la prise de conscience est en marche et les langues se délient. D'autres films de cette trempe ne pourront qu'accélérer le processus.

VaultBoy
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le 1 août 2016

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Arthur Bayon

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