En petite cinéphile occidentale que je suis, j’ai succombé à la tentation de visionner une production Bollywoodienne. Pour mon dépucelage, j’ai jeté mon dévolu sur du lourd, du bien membré. Et après 2h26 de projection… my god, quel choc !!!!
Un navet d’une telle ampleur, je ne me souviens pas en avoir vu. Je me suis laissée emporter par cette avalanche de kitch, de mauvais gout, de ridicule. Collectionner avec tant d’exhaustivité tous les défauts que peut accumuler un film tient du génie.
Le film commence par un résumé des 2 précédents opus. Oui, il y a bien eu 2 créatures filmiques avant celle-ci que je vais m’empresser de regarder. Rien que cette phase introductive est un pur moment de délectation. Ca semble tellement énorme qu’une telle chose ait pu être engendrée par des personnes adultes et consentantes. Des professionnels de l’industrie du cinéma indien ont réfléchis à cette histoire, ont investit de l’argent pour concrétiser ce projet. Ma pauvre conscience d’occidentale blasée en prend un coup. J’ai expérimenté depuis longtemps déjà le 7eme art nippon, chinois, coréen et même indonésien, mais je n’avais pas encore reçu une telle gifle venant du continent asiatique.
Commençons par les acteurs. Je dois creuser vers les profondeurs abyssales de « Plus belle la vie », les soaps sud-américains ou les téléfilms M6 pour trouver des prestations similaires. Le moindre jeu d’acteur est surjoué, caricatural jusqu’au ridicule, empreint d’une naïveté déconcertante et pathétique. Impossible de rester stoïque. Il faut plusieurs minutes pour réaliser que la chose est réelle. Non ce n’est pas une parodie des Inconnus ou de Les nuls, il n’y a dans ce film aucune once de second degré ni d’humour. L’impact est brutal.
Une fois digéré cet état de fait, je commence à me délecter d’avance. J’anticipe, j’exulte, je frétille sur mon fauteuil m’extasiant par avance des futures trouvailles de cette 8eme merveille du monde de la beaufitude.
L’histoire déroule son cortège de dialogues affligeants dignes des années d’or AB production. Un vrai régal ! La banane ne quitte plus mes lèvres. Je ne suis qu’au rez-de-chaussée, le 7eme ciel est encore loin. Arrive la première scène d’action où le héros prend des poses alliant postures de danse classique, chorégraphie ChuckNorrisienne et envolées à la Dragon Ball. Mes premiers rires fusent, j’ai du mal à me retenir. C’est trop gros, je dois rêver, une telle chose ne peut pas exister en vrai. Je dois prendre la pilule rouge et suivre le lapin blanc au fond du trou.
Les minutes s’enroulent autour du cadran, la trotteuse s’affole et je me laisse happer. Autre électrochoc. La première scène de danse. Un objet filmique non identifié, sorti de nulle-part, sans cohérence, sans alibi. La progéniture illégitime d’un Grease sous acide et d’un clip de Mickael Jackson filmé par Andy Warhol. Dément ! L’acteur bodybuildé se trémousse, se déhanche. Sa coupe de footeux des 90’ se déchaine face aux ventilo qui tournent en permanence. La mise en scène, égale à elle-même, est édifiante. Que je regrette de regarder ce film seul. Ce genre d’expérience reste gravé des années durant lorsqu’il est partagé. Et je n’imagine même pas avec quelques Adelscott se relaxant au frigo…
Bref. J’enchaine. Le rythme ne faiblit à aucun moment, les 2h26 alignent les grands moments. Garder un tel niveau de nanarité sur cette distance relève de l’intervention divine. Vishnou, Brahma et Shiva ont touché cette œuvre du doigt. Comme prévu, car tout est prévisible évidement, le combat final se profile. Véritable apocalypse du nanar, acmé du kitch, apogée du ringard, transcendance de l’absurde et du ridicule, il agglomère toute les émotions accumulées et désagrège mes derniers grammes de conscience et de raison. Que l’abandon est bon !
Le générique défile, j’ai encore du mal à croire ce que je viens de voir. La tension redescend, le rythme cardiaque se régule. Je n’ai qu’une chose à faire pour prolonger cette extase : écrire une critique !
« Un nanar est un navet tellement navet que ça devient un dessert » - Un amateur de nanarland.