Voraces

Cinq minutes. Probablement plus court que l'écriture de cette critique. Pourtant Déguste a pas mal de choses à raconter. Le double sens du titre en dit d'ailleurs déjà pas mal. L'invitation culinaire distinguée suggérée par le verbe est annulée par la violence d'un impératif qui fait presque référence au cinéma d'horreur. Tout est là.

Déguste, c'est une mise en image de la préparation de plats en restaurant. Mais grâce à de très gros plans, un montage énergique et quelques touches de slow motion; la violence, voire le dégoût, s'invitent à table. Le court-métrage s'attarde sur les infimes détails de la bouffe, du coup peu reluisants, aussi raffinés soient les mets proposés.

Ne vous y trompez pas: il ne s'agit pas d'un pamphlet végétarien. Il n'est pas question ici de l'origine de la boustifaille, mais de son rude traitement. Les aliments sont là, et ils se font découper, tailler en pièce, réduire en bouillie. En résultent des plans tantôt soignés, tantôt cauchemardesques, qui évoquent autant la body horror que le cinéma expérimental. De quoi largement remettre en question ce qu'on se fourre dans l’œsophage au quotidien. Une chose est sûre: ça donne pas très faim.