L'avant-dernier film de Naruse est un thriller psychologique, soit un genre peu pratiqué par le cinéaste japonais. Flashbacks, scènes fantasmées, montage ultra rapide et surtout empilement de sous couches d'intrigues, Délit de fuite témoigne d'une virtuosité tranquille car le propos reste toujours limpide. Le scénario est lisible à des tas de niveaux, social en particulier, avec un regard plus que critique sur l'évolution du Japon des années 60 et son capitalisme triomphant. C'est bien un mélodrame, malgré tout, et les thématiques préférées de Naruse sont présentes, dont celle de la lâcheté des hommes. Si une grande partie de l'oeuvre de Mikio Naruse peut se rapprocher de celle d'Ozu (avec des différences notables, toutefois), ce film est plus proche de l'univers d'un Kurosawa (par exemple de Entre le ciel et l'enfer ou Les salauds dorment en paix). Jusqu'à un certain point, car le cinéma de Naruse est vraiment unique par sa cohérence et ses obsessions.