J'attendais des nouvelles d'Ole Bornedal depuis son excellent "Just another love story", romance illusoire mâtinée de thriller rondement menée et assez surprenante, et c'est avec un thriller au pitch alléchant qu'il revient, évoquant une transposition de l'excellent Chiens de Paille au Danemark, où un gentil père de famille se retrouve à défendre un homme accusé de meurtre d'une bande de villageois fortement alcoolisés et xénophobes qui réclament vengeance à coups de .12.
Comme chez Peckinpah (ou chez Gordon Williams), la tension monte lentement. Dans une longue introduction on nous présente les protagonistes à grands coups d'effets visuels et de voix-off, c'est un petit village et les trois quarts de ses habitants sont de gros loosers porcins qui vivent de leur retraite anticipée en se torchant à grandes lampées d'alcool maison, le maire, ex-militaire dont le fils a été tué en Bosnie, nourrit une haine aux premiers abords tacite face aux bosniaques mais la communique aux abrutis cités plus haut, et les deux personnages principaux sont deux frères diamétralement opposés, etc... sur ce point déjà c'est pas top, aucun des personnages n'est vraiment attachants ou un tant soit peu intéressant... les acteurs ne sont pas mauvais mais ils paraissent complètement détachés, absents, c'est vraiment étrange.
Peut-être est-ce aussi la faute du filtre délavé qui emprisonne l'image, le même que pour les flashbacks d'Another love story mais en encore plus dégueulasse et pendant une heure trente. C'est tout bonnement infâme et ça démonte les yeux.
Et le deuxième problème qui m'a sauté aux yeux c'est que le film a quand même un sacré problème au niveau du ton... c'est très sombre, assez désespérant, la surprise étant que le personnage qui intéresse vraiment le réalisateur est le "méchant" du lot, et pourtant on dirait que le scénariste tente de faire de l'humour en parallèle. Y'a même deux références (volontaires ?) à Hot Fuzz: les deux flics dans leur voiture qui glandent en suçotant un cornetto, la punchline "Il est médecin, il n'a qu'à se soigner tout seul !", ça aurait pu être drôle mais là en l'occurrence ça donne des scènes pas crédibles du tout. Le cynisme je veux bien, mais là c'est très fade.
Et c'est quoi cet homme de main de deux mètres de haut qui se prends trois clous dans le bras au niveau de l'os sans broncher ?
En bref, Bornedal survole un scénario plein de surprises qui se barre un peu dans tout les sens, ça ne dure heureusement qu'une heure trente qui passent assez vite et la fin pleine d'ellipses est plutôt bien amenée mais c'est quand même décevant. Et dieu que c'est laid...